Il y a un an tout juste, j’écrivais dans cette même lettre de vœux que « le début de 2021 ne nous laisse pas présager d’améliorations notables sur fond de Covid (…) avec l’espoir de gagner la lutte contre la maladie, grâce au vaccin et un retour à la normale attendu de tous » . Depuis nous apprenons jour après jour à vivre avec le risque sanitaire, avec ou sans masque, d’un confinement à l’autre, d’un variant à l’autre... Dans ce contexte, nous avons tous cherché à privilégier l’essentiel, la santé, les relations sociales de proximité, en « présentiel » ou à distance...
Chaque nouvelle année nous invite à jeter un coup d’œil dans le rétroviseur. L’année 2019 aura été marquée par de nombreux et très longs mouvements populaires un peu partout dans le monde (Algérie, HongKong, Chili, Liban, Irak,....). Leurs revendications : plus de démocratie, de justice sociale, de liberté... De leur côté, les jeunes ont manifesté pour exiger des politiques publiques plus courageuses en matière de lutte contre le changement climatique... Au niveau national, le mouvement des Gilets jaunes restera la marque d’une fracture -sociale et territoriale- comme l’a très justement rappelé Jérôme Fourquet dans sa conférence à Quimper le 23 octobre dernier sur Les fractures françaises. Sans parler du mouvement en cours sur les retraites...
Chaque année laisse la trace en couleurs de ses événements heureux ou malheureux. L’année 2018 aura été marquée par l’irruption inattendue des gilets jaunes dans le débat public autour d’une revendication forte de justice sociale. Au-delà des opinions de chacun, nous avons prévu de revenir sur ce fait social lors d’une prochaine conférence en février prochain.
L’année 2015 restera pour beaucoup d’entre nous une année très particulière, celle des horreurs des attentats de janvier, puis du 13 novembre. Mais aussi ce fut aussi l’année des sursauts citoyens, des marques d’empathie et de solidarité, des rassemblements dans la dignité face à l’inacceptable. Autant de signes réconfortants de notre capacité collective à nous rassembler, sans tomber dans la haine de l’autre, ni dans la peur de ceux qui fuient la guerre ou la misère. Au contraire nous devons rester ouverts, généreux et solidaires.
Bien sûr, comme chacun de vous et comme pour les attentats de janvier nous sommes tous encore une fois consternés.
Nous pensons aux victimes, à leur famille et aux victimes collatérales des amalgames qui ne manqueront pas de ré-apparaître.
Dans ces moments-là on se dit toujours que l’on a de la chance d’être passé à côté de l’angoisse, de l’horreur. Et la réalité prend soudain le nom et le visage d’un proche, d’un proche d’un proche...
Même quand elle se répète il ne faut jamais s’habituer à l’horreur ; c’est comme cela que le terrorisme gagne des points et s’immisce insidieusement dans nos esprits et nos comportements de tous les jours.
Laissons notre porte ouverte, et nos esprits en veille. Ils n’étaient que quelques fous de la kalachnikov ; nous serons des millions à nous relever.
Restons solidaires dans la douleur et vigilants. La démocratie est bien là dans nos réactions d’indignation, dans notre volonté de Vivre, malgré tout, malgré ceux qui veulent répandre la terreur.
Note préalable :
Les citations ci-dessous reprennent les expressions d’une trentaine de participants volontaires à la réunion d’échange organisée par la Liberté de l’esprit sur l’Après-Charlie en avril 2015, trois mois après les attentats et les manifestations qui ont suivi.
Ces expressions dans leur richesse et leur diversité traduisent bien sûr des divergences d’opinion, des points de vue différents, parfois vifs et opposés. Elles ont été regroupées par grandes thématiques, en respectant au mieux l’expression originelle. Elles traduisent aussi la nécessité, de débattre -encore et encore- dans le respect des opinions (l’esprit de tolérance de Voltaire), pour mieux comprendre le monde qui nous entoure, avec ses accès de violence, ses guerres et ses inégalités.
La démocratie est un combat permanent contre l’injustice, l’intolérance, la violence, l’insécurité, mais aussi contre la facilité des jugements trop rapides (et pire les insultes ou les anathèmes), pour retrouver le plaisir de vivre (et débattre) ensemble dans le respect des différences.
C’est là la raison d’être de La Liberté de l’esprit.