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Bernard LACROIX

sociologue

Le Front National a-t-il un avenir ?

octobre 1997 20h30




Ouest-France

Le cri silencieux du vote FN

Pour Bernard Lacroix, la montée du Front national n’a rien d’inexorable. Rien ne prouve que les électeurs du Front national adhèrent à son programme. Mais il est certain qu’ils poussent un cri. Invité par la Liberté de l’Esprit, le sociologue a mis en garde contre un militantisme qui, croyant combattre le Front, l’aide à se populariser.

D’entrée de jeu, le 400 auditeurs de Bernard Lacroix ont été mis dans l’ambiance. Le sociologue a fait distribuer à la porte les graphiques en bâtons qui montrent la brutale progression du Front national à partir de 1984. Le Front, " qui n’existait pas avant 1981 ", passe d’un coup les 10%, puis s’envole vers les 15%. Mais si Bernard Lacroix fait distribuer cette courbe, image d’une irrésistible ascension du Front national, c’est pour mieux en réduire la portée.

Le sociologue a étudié de près l’électorat du Front national. Il explique que le vote FN n’implique pas une adhésion au programme de Jean-Marie Le Pen. Pour lui, les difficultés économiques expliquent largement " le ralliement à un parti qui exploite l’hostilité au personnel politique ". Les électeurs ne souhaitent pas forcément la victoire de ceux pour qui ils votent.

Or, les commentateurs des soirées d’élection font comme si ce vote était une adhésion. " Ils en viennent alors, qu’ils soient militants ou opposants du FN, à projeter leurs fantasmes sur une courbe dont rien garantit la progression. " Ce qui manque à leurs analyse, trop centrées sur les discours, ce sont les électeurs, inquiets pour leur avenir. " Des gens qui subissent le chômage, mais aussi toute la réorganisation du monde du travail, les flux tendus, la nouvelle logique des chaînes. Quand un chef d’entreprise délocalise, il crée un ressentiment qui sera capitalisé par le Front national. "

Jouer l’indifférence

Les militants anti-FN n’ont pas prise sur cette inquiétude. Ils se contentent d’attaquer le discours du FN, au risque de le populariser davantage. " Ils croient que le ressort du vote tient aux idées de l’homme politique, ce qui n’est pas vrai. " Les intellectuels bien-pensants, les " anti-racistes mondains ", stigmatisent un électorat populaire sans prendre le temps de le comprendre, ce qui renforce le choix de ces électeurs.

Pour lutter éfficacement contre le Front, Bernard Lacroix souhaite que l’on cesse de le monter en épingle. " Son inconséquence politique n’appelle que l’indifférence. " Il met en garde contre les actions spectaculaires de Ras l’Front qui " créent un inquiétant climat d’insécurité ". Lui-même envisage deux formes de luttes : l’une de proximité pour " retenir ceux que nous sentons glisser vers le Front national sous l’effet de déceptions ", l’autre de vigilance collective vis-à-vis des médias " qui suivent Jean-Marie Le Pen et voient dans toutes ses déclarations des informations. "

Le débat qui a suivi cette conférence a été marqué par l’opposition entre le sociologue et les militants de Ras l’Front qui estiment que " l’indifférence " prônée par Bernard Lacroix laisse le champ libre aux thèses du FN.



Biographie

Né en 1947, Bernard Lacroix est diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris avant d’être reçu à l’agrégation des facultés de droit en 1976, après avoir fait des études de droit, d’économie et de sociologie (à Paris I, Paris II et à l’Université de Vincennes). Il a enseigné les sciences politiques à l’Université de Poitiers, à l’Institut d’Etudes Politiques de Bordeaux. Il les enseigne aujourd’hui à l’Université Paris X-Nanterre.

Bernard Lacroix est professeur de science politique à l’Université Paris X-Nanterre, responsable scientifique du Groupe d’Analyse politique (équipe associée 1591) et membre senior de l’Institut Universitaire de France (Chaire de sociologie historique de la politique). Les recherches qu’il mène avec cette équipe visent à réinterroger l’histoire française des XIXe et XXe siècles à partir de l’enquête sur l’Etat et sur celle de la politique par l’Etat. Il a notamment publié Durkheim et le politique, Paris-Montréal, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques - Presses de l’Université de Montréal, 1981 L’Utopie communautaire, Paris, PUF, 1981, col. "Sociologie d’aujourd’hui", 2e ed., 2006 et "Ordre politique et ordre social" dans Jean Leca, Madeleine Grawitz (dir.), Traité de science politique, Paris, PUF, tome 1, 1985. Il a également dirigé, avec Jacques Lagroye, Le Président de la République. Usages et genèses d’une institution, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1992 et avec Alain Garrigou, Norbert Elias. La politique et l’histoire, Paris, La Découverte, 1997.

Bibliographie
 Les Formes de l’activité politique, PUF, 2006
 Norbert Elias. La politique et l’histoire, La Découverte, 1997
 Quelques diagnostics et remèdes urgents pour une université en péril, Raisons d’agir, 1997
 Le Président de la République, Presses de la FNSP, 1992
 Durkheim et le politique, Presses de la FNSP, 1981
 L’Utopie communautaire, PUF, 1981






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