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Daniel LINDENBERG

essayiste, historien des idées et journaliste

Devoir de mémoire

mercredi 14 octobre 1998 20h30

Daniel Lindenberg, professeur de sciences politiques à Paris VIIIe et membre du comité de rédaction de la revue « Esprit », proposera une réflexion « autour et à propos du procès Papon » et plus largement sur l’histoire du peuple juif. Pourquoi et jusqu’où se souvenir ? Ou comment faire « bon usage de la mémoire » ? Telles seront les questions abordées par Daniel Linderberg qui vient de publier récemment « Les années souterraines »




Le Télégramme de Brest 17/10/1998

Trois questions à Daniel Lindenberg

Daniel Lindenberg, professeur de sciences politiques à Paris VIIIe, est également membre du comité de rédaction de la revue « Esprit ». Invité à Quimper mercredi soir par l’association « La Liberté de l’esprit », il a animé une conférence sur le thème du « devoir de mémoire ». Quel regard portez-vous sur le « devoir de mémoire » ? « Pour moi, ce n’est pas un impératif absolu. La mémoire n’est pas l’Histoire. Et pour démontrer que le devoir de mémoire peut entraîner des catastrophes, il suffit de se pencher sur le procès Papon, et de voir qu’en jugeant un homme on a voulu juger l’Histoire. A mon avis, cet épisode a surtout accentué le trouble de l’opinion et exacerbé les différentes mémoires ». Il ne faut donc jamais revenir sur le passé ? « Si, mais pas avec une idée vindicative qui pousse toujours à vouloir punir. Il faut se souvenir bien sûr mais pour arriver à l’explication, au pardon et à la réconciliation. Je viens d’une famille juive qui a été en partie victime du génocide. Mais pour autant, je ne suis pas d’accord qu’on utilise la Shoa pour justifier une certaine identité juive. Ça me paraît une injure à ce qui est arrivé. On ne peut pas vivre comme si le passé était présent. Dans vos deux derniers ouvrages, « Figures d’Israël » et « Les années souterraines » (histoire des idées de 1937 à 1947), vous abordez ce thème ? « Pour « Les années souterraines », je me suis intéressé à la période de l’occupation. Dans « Figures d’Israël », je parle de mémoire juive. Et là, je m’attaque aux gens qui veulent faire de la mémoire une nouvelle religion. Il ne faut pas se servir du passé pour justifier les actes du présent, mais plutôt pour éviter que ce passé se répète. Le problème de l’Histoire, c’est qu’il y a les faits et leurs interprétations. Il est donc nécessaire de préserver le bon usage de la mémoire ». Au cours de la conférence qu’il animait mercredi soir, à la salle du Chapeau rouge, Daniel Lindenberg a exposé son opinion sur le « devoir de mémoire ».



Ouest-France

Celui qui n’oublie rien devient fou "

Daniel Lindenberg, professeur de sciences politiques, membre du comité de rédaction de la revue " Esprit ", était mercredi soir l’invité de la première conférence du onzième cycle de la Liberté de l’Esprit. Deux cents personnes environ y ont assisté. Elles ont été passionnées par son discours même si, parfois, tous n’étaient pas d’accord avec lui.

" Celui qui n’oublie rien devient fou ", s’exclame Daniel Lindenberg qui n’est pas fervent du devoir de mémoire. Il rappelle que le peuple juif a toujours eu une mémoire sélective qui l’a d’ailleurs empêché de faire son historiographie. " Si le devoir de mémoire a sa place, elle est limitée. Il faut écouter les témoins, tirer des leçons de l’expérience, mais d’autre part être vigilant quant aux abus. Le devoir de mémoire, c’est la religion de ceux qui n’en ont plus avec ses lieux de culte, ses saints, ses livres sacrés … Et son fanatisme comme tout nouveau discours religieux. "

Il rappelait ainsi l’action actuelle d’une commission à laquelle participe Jacques Derrida en Afrique du Sud depis deux ans. Celle-ci veut démontrer que la solution après l’arpatheid c’est la réconciliation sans oublier la justice qui n’est pas la vengeance : " Il faut faire le choix entre guerre de mémoire ou justice de réconciliation. "

L’autre moment fort de l’intervention de Daniel Lindenberg fut consacré au procès Papon, cause d’un grand malaise : " Une chose négative ", selon lui, due à la " débâcle des historiens qui intervinrent sans documents ". La condamnation de Papon à dix ans de prison montre surtout l’incapacité du jury de donner une conclusion satisfaisante.

Le débat qui suivit montra surtout l’inquiétude devant l’oubli et ce que certains appelle " la position ambiguë du conférencier ". Mais pour Daniel Lindenberg, " on n’a pas besoin, pour éviter le retour de la bête immonde, de penser toujours à la Deuxième Guerre mondiale. Laissons cela à Le Pen qui y est encore. "



Biographie

Daniel Lindenberg (né en 1940 à Clermont-Ferrand), essayiste, historien des idées et journaliste français. Il est professeur à l’Université de Paris VIII et conseiller à la direction de la revue Esprit. Il a animé les réunions hebdomadaires de lecteurs au siège parisien de cette revue mensuelle. Il appartient au comité de rédaction de la revue d’histoire Mil neuf cent.

Né de parents immigrés juifs polonais, il poursuit des études d’histoire et de sociologie à la Sorbonne et il adhère à l’Union des étudiants communistes durant les années 1960. Il passe ensuite à l’Union des jeunesses communistes marxistes-léninistes (UJCml), un groupe maoïste où milite également Blandine Kriegel qui le fera rompre par la suite avec le marxisme.

À partir des années 1970, il se consacre à l’histoire des idées ; ses premiers essais publiées chez Maspero sont inspirées du philosophe althussérien Nikos Poulantzas.






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