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Accueil > Société > Serge PAUGAM Serge PAUGAMsociologueLa précarité de l’emploi mardi 10 octobre 2000 20h30 Serge Paugam,sociologue, né en 1960 à Lesneven dans le Finistère, a soutenu sa thèse de doctorat de sociologie en juin 1988 à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) sur « La disqualification sociale ». Directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique et directeur d’études à l’EHESS, il est l’auteur de plusieurs ouvrages, désormais classiques, sur la pauvreté et la précarité, tant en France qu’à l’étrange le 12 octobre 2000 Serge Paugam : quand travail rime avec précaritéA l’invitation de La Liberté de l’esprit, le sociologue Serge Paugam a évoqué, mardi soir, à la salle du Chapeau-Rouge, les liens étroits unissant l’emploi et la précarité. Un « fait social » indiscutable, complexe et qui ne cesse de croître. En tant que directeur de recherche au CNRS et membre de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale, Serge Paugam se penche, depuis dix ans environ, sur la nouvelle pauvreté, un « fait social » qu’il a disséqué dans une poignée d’ouvrages, parmi lesquels « Salarié de la précarité, les nouvelles formes de l’intégration professionnelle », un nouvel essai (1) qui jette un regard sur ce que les Anglo-Saxons appellent les « bad jobs » (« mauvais boulots »). « La précarité ne frappe pas uniquement les personnes qui sont au chômage, indique-t-il. Pour juger correctement de la précarité d’un salarié, il faut en effet intégrer d’autres paramètres que la durée inscrite au bas de son contrat ». Et le sociologue de citer les discriminants constituant le salariat de cette fin de vingtième siècle. Un monde où se côtoient « emplois stables non menacés, emplois stables menacés et emplois instables ». Dans les deux derniers cas, nombreux exemples à l’appui, Paugam décrit un univers hétérogène et complexe. « Tous les précaires ne sont pas dégoûtés de leur travail », précise-t-il notamment. « C’est le cas, par exemple, de l’ouvrier métallurgiste qui s’accomplit dans une tâche, mais dont chacun sait que l’entreprise est en sursis. Ou bien encore le stagiaire du tertiaire condamné à multiplier les CDD ». Au-delà de la multiplicité des situations, le chercheur fait part d’un dénominateur commun, à savoir une instabilité professionnelle chamboulant pour le pire les rythmes de vie. « Les précaires se sentent hors normes et se comportent comme tels, note Serge Paugam. Un salarié dans une situation difficile a non seulement le sentiment d’être inutile à l’entreprise, mais à la société en général. Il a une image négative de lui-même, qui pèse lourdement sur son état mental, familial et conjugal : forte consommation d’anxiolytiques, dégradation de la relation avec ses enfants (pour les femmes), avec sa conjointe (pour les hommes). Et un dégoût à l’égard de la politique ». La norme de l’emploi stable est-elle condamnée à disparaître ? Une hypothèse - effrayante - que Serge Paugam n’exclut pas. « Le chômage recule, mais la précarité augmente », rappelle-t-il. Au final, il s’agit pour les pouvoirs publics, les syndicats de salariés et les travailleurs sociaux de défis inédits à relever. « Pour la sauvegarde de la dignité humaine. Et de l’Etat-providence ». L’exclusion, une lente dériveSerge Paugam, invité de la Liberté de l’esprit, a analysé plus que le phénomène de l’exclusion, celui de la précarité du salarié. Il s’appuie sur une vaste enquête qui s’est déroulée dans le bassin de Quimper. Serge Paugam est directeur de recherche au CNRS mais il est aussi à l’observatoire sociologique du changement. A travers des enquêtes, il constate que l’exclusion est moins un état qu’un processus de lente dérive avec des paliers de déintégration : " L’exclus, c’est l’autre dans la société, inclus mais déjà sur orbite. " Il s’intéresse plus particulièrement au salarié face à la précarité et s’appuie sur une vaste enquête qui s’est déroulée dans le bassin de Quimper et qui est parti d’une question : " Est-ce que l’emploi que vous occupez, vous êtes sûr de l’avoir dans deux ans ? ". Il s’avère que le risque d’être licencié concerne beaucoup d’employés mais aussi que cette situation de précarité enclenche d’autres phénomènes comme la rupture conjugale, le déclin de la sociabilité, les problèmes de santé. La précarité d’autre part ne concerne pas seulement les " bas jobs " (petits boulots). Aujourd’hui, les contraintes liées au temps, à l’économie, à la qualité se sont accrues. La production doit s’adapter au marché et l’entreprise a davantage d’exigence vis-à-vis de ses salariés. Ceux-ci vivent dans l’angoisse. Une forme de souffrance nouvelle fragilise les employés (d’où la présence de nombreux médecins du travail à la conférence). Il y a aussi ceux qui, particulièrement qualifiés, sont très demandés et ne craignent pas le changement. Mais plus nombreux sont ceux qui recherchent la stabilité de l’emploi même si c’est au prix de l’insatisfaction. Tout cela amène les employés à un dégoût de la société, de la vie politique. Serge Paugam confirmait en conclusion la thèse d’Émile Durkheim selon laquelle la cohésion sociale passe par l’intégration professionnelle et s’inquiétait de l’évolution de la société au vu des constats ci-dessus. Biographie Serge Paugam est un sociologue français, né en 1960 à Lesneven dans le Finistère. Il a soutenu sa thèse de doctorat de sociologie en juin 1988 à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales sur "La disqualification sociale". Directeur de recherche au CNRS et directeur d’études à l’EHESS, il est l’auteur de plusieurs ouvrages, désormais classiques, qui ont fortement éclairé le débat sur la pauvreté et la précarité, tant en France qu’à l’étranger. Il a créé et dirige la collection « Le lien social » aux PUF. Il est responsable de l’Equipe de Recherche sur les Inégalités Sociales (ERIS) du Centre Maurice Halbwachs. Son programme de recherche s’inscrit dans une démarche comparative, à la fois quantitative et qualitative, des formes élémentaires de la pauvreté dans les sociétés modernes, notamment en Europe. Il concerne l’analyse de la reproduction et du renouvellement des inégalités, mais aussi l’étude des fondements des liens sociaux à partir desquelles il est possible de définir et de conceptualiser différents types de ruptures sociales.
– La disqualification sociale. Essai sur la nouvelle pauvreté, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « sociologies », 1991, 4ème édition mise à jour 1997, coll. « Quadrige » 2000, 2002 (traduit en portugais, Sao Paulo, Educ/Cortez, 2003). – La société française et ses pauvres. L’expérience du revenu minimum d’insertion, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « recherches politiques », 1993, 2ème édition mise à jour 1995, coll. « Quadrige » 2002 (avec une nouvelle préface à l’édition « Quadrige »). – L’exclusion, l’état des savoirs (sous la dir. de), Paris, La Découverte, coll. « Textes à l’appui », 1996. – L’Europe face à la pauvreté. Les expériences nationales de revenu minimum garanti, (sous la dir. de), Paris, La Documentation Française, coll. « Travail et Emploi », 1999. – Welfare Regimes and the Experience of Unemployment in Europe (avec Duncan Gallie, sous la dir. de), Oxford, Oxford University Press, 2000. – Le salarié de la précarité. Les nouvelles formes de l’intégration professionnelle, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Le lien Social », Série « Documents d’enquête », 2000, coll. « Quadrige » 2007 (avec une nouvelle préface à l’édition « Quadrige »). – Les formes élémentaires de la pauvreté, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Le lien social », 2005, traduit en espagnol (Alianza Editorial, 2007), en allemand (Hamburger Edition, 2008). – Repenser la solidarité. L’apport des sciences sociales (sous la dir. de), Paris, PUF, coll. « Le lien social ». – Le lien social, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 2008. Voir en ligne : https://fr.wikipedia.org/wiki/Serge... PortfolioUn message, un commentaire ? | |