Guy BRAIBANT
juriste
Bioéthique et droit
samedi 1er septembre 1990 20h30
Une science à la recherche de ses
limites
Cent trente personnes ont assisté, lundi
soir, au Chapeau-Rouge, à la conférence de Guy Braibant, conseiller
d'État, sur " Les enjeux de la bioéthique ". Auteur principal d'un
avant-projet de loi, G. Braibant a présenté au public les grands axes
du rapport qu'il vient de remettre au Premier ministre.
Un constat initial : la révolution scientifique et technique dans la
biologie pose des problèmes graves et nouveaux. " Le vide juridique doit être comblé. Les
juges actuellement sont désemparés. Il nous a donc semblé qu'il était
urgent de légiférer. Avec un seul objectif : résoudre des problèmes
concrets ".
Les risques
Des problèmes se font jour. D'abord,
celui du transfert d'organes ou de forces génétiques. " Le risque du trafic d'organes existe. Il
y a en France des officines où se monnayent des maternités de
substitution ".
Ensuite, celui de la Procréation médicalement assistée (PMA). Ces
nouvelles techniques bouleversent la filiation. Le cas extrême :
l'enfant qui aurait trois mères : la mère génétique, la mère gestatrice
et la mère juridique. Autre question posée par les MA : le devenir des
embryons surnuméraires en état de congélation. " On ferme aujourd'hui les yeux de façon
hypocrite sur cette difficulté. La création de banques d'embryons n'est
pas un fantasme. "
Enfin, le problème de la recherche scientifique elle-même. A-t-on le
droit d'expérimenter sur l'homme ? De faire des recherches sur
l'embryon qui, par une sélection progressive, conduiraient à une
transformation du genre humain ?
Les principes
Face à toutes ces questions, Guy
Braibant rappela ensuite les idées directrices de l'avant-projet de loi.
En premier lieu, la définition d'un statut du corps humain comme
élément indissociable de la personne. "
Selon ce statut, il ressort qu'aucun organe ne peut être vendu. Tout
relève du don, à condition que cet acte soit libre et éclairé. "
Un statut de la recherche enfin. "
Il y va de l'avenir du genre humain. La recherche scientifique ne
saurait se passer de limites. Le clonage (subdivision des embryons pour
la fabrication de multiples êtres identiques) ne peut être accepté pour
l'homme. "
" Nous avons pensé,
conclut Guy Braibant, mettre en
place les principes d'un bon humanisme. Cet avant-projet fait, pour
l'instant, l'objet d'un certain consensus. Des objections existent
pourtant, contradictoires mais convergentes. Les milieux intégristes
nous accusent de légitimer par la loi ce qui leur paraît scandaleux.
Certains savants, au non de la liberté de la recherche, nous reprochent
au contraire d'être rigoristes. "
Jean-Yves BOUDÉHEN,
Voir en ligne : https://fr.wikipedia.org/wiki/Guy_B...
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