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Accueil > Société > Robert CASTEL Robert CASTELsociologueL’insécurité sociale jeudi 19 mai 2005 20h30 Robert Castel, sociologue spécialisé en sociologie du travail et travaillait notamment sur des thèmes relatifs à l’exclusion sociale. Enregistrements audio de la conférence-débatPrésentationConférenceDébatUne des caractéristiques les plus inquiétantes de la conjoncture actuelle en France est ce que l’on peut appeler une remontée de l’insécurité sociale. Il faut entendre par là la multiplication de situations de précarité, d’incertitude, de manque de ressources, à partir desquelles un nombre croissant de gens paraissent incapables d’assurer leur indépendance sociale et de construire leur avenir sur des bases assurées. Cette remontée de l’insécurité renvoie à l’affaiblissement des systèmes de protections collectives de l’état social qui sont actuellement déstabilisées par la mise en concurrence de tous contre tous dans une économie mondialisée. Ces transformations conduisent à s’interroger sur ce que peut signifier "être protégé" dans un monde plus mobile, plus compétitif, où l’individu laissé à lui-même risque d’être à nouveau condamné à "vivre au jour la journée", comme on disait autrefois.
La France est gagnée par l’insécurité socialeInvité jeudi soir, à la salle du Chapeau-Rouge, de la Liberté de l’esprit, le sociologue Robert Castel s’est penché sur un phénomène qui prend de l’ampleur en France, « l’insécurité sociale ». L’essentiel de vos travaux porte sur ce que vous appelez l’« insécurité sociale » ? Comment la définissez-vous précisément ? C’est un constat. Un nombre croissant de Français vivent dans une situation d’incertitude. Ces personnes n’ont ni les revenus ni les protections pour assurer l’avenir. Ils sont à la merci d’une maladie, d’un accident qui peut les faire basculer vers la déchéance sociale. Ces fragilisés se demandent, non sans raison, de quoi l’avenir sera fait. Le RMA mis en place par le gouvernement Raffarin - 20 h payées au Smic pour une durée limitée, avec une protection sociale au rabais - illustre mes propos. Terrible paradoxe : la France est de plus en plus riche mais produit de plus en plus d’exclus... Il y a 20 ou 30 ans, on a cru que cette insécurité sociale était surmontée par un système protecteur de retraites et la « sécu ». Ce système existe encore mais est notoirement fragilisé. Le chômage de masse ainsi que la précarisation du travail sont devenus des faits. Comment en est-on arrivé là ? Avant le début de ce qu’on appelait, dans la seconde moitié des années 1970, la crise, on était arrivé à une forme d’équilibre entre les exigences économiques et les intérêts des travailleurs. Ce compromis social s’est brisé. Un nouveau régime capitaliste plus agressif, recherchant le profit pour le profit, sans se soucier de l’individu, s’est installé. Des individus perdent pied, invalidés par cette nouvelle conjoncture. Comment, selon vous, lutter efficacement contre cette spirale de l’exclusion ? Il faut miser sur la formation professionnelle permanente. Si on demande à un travailleur d’être plus flexible, plus mobile, mais qu’on ne lui donne pas les moyens de l’être, on le vide. Contrairement à ce que pense une partie de l’opinion publique, il n’y a pas d’individus inemployables. S’il y a du chômage, c’est en raison de l’état du marché du travail. La France est dans une situation de sous-emploi. Laisser croire que les quelque 1.200.000 RMIstes sont des parasites est totalement absurde ! Pour quelle(s) raison(s) nombre d’entreprises rechignent à la formation permanente ? Le fonctionnement de l’entreprise repose sur la rentabilité immédiate. Au nom de cette rentabilité à court terme, on ne prend pas en compte la formation. Cette dernière permet pourtant de préserver la culture d’entreprise. Contrairement à la France, le Danemark a mis le paquet sur la formation. Pendant quatre ou cinq ans, le demandeur d’emploi y perçoit de fortes indemnités. En contrepartie, il est formé sérieusement, sur la durée. Le Danemark est le pays qui consacre la plus forte proportion de son PIB au « recyclage » des demandeurs d’emploi. Cette politique, certes, a un coût financier mais il faut savoir ce que l’on veut : une cohésion sociale renforcée ou bien une société éclatée. Chirac et Raffarin ont opté pour le pire par une politique de baisse des impôts. Voir en ligne : Robert Castel sur Wikipédia Un message, un commentaire ? | |
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merci continuez
J’ai écouté avec grand intérêt la conférence, les questions, les réponses. Ce que j’entends c’est que l’avenir est entre nos mains, mais qu’il faut être conscients que cela demande du courage et de la persévérance, de l’union et de la lucidité.