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Accueil > Politique > Pierre ROSANVALLON Pierre ROSANVALLONProfesseur au Collège de FranceLe modèle politique français mardi 15 novembre 2005 20h30 Pierre Rosanvallon, historien, sociologue, ses travaux portent principalement sur l’histoire de la démocratie, et du modèle politique français, et sur le rôle de l’État et la question de la justice sociale dans les sociétés contemporaines Enregistrements audio de la conférence-débatPrésentationConférenceA l’aube du XXI siècle, la démocratie est à la fois triomphante et incertaine. L’évidence désormais universellement revendiquée de ses principes s’accompagnent en effet d’une perplexité croissante sur les formes de son accomplissement. D’un côté, les hommes et les femmes aspirent à davantage de pluralisme et de décentralisation, à l’extension des contre-pouvoirs et au contrôle des institutions. De l’autre, ils revendiquent plus de politique et souhaitent la plus forte affirmation d’un lieu central dans lequel puisse s’exprimer une volonté commune efficace, conjurant le péril d’une "gouvernance sans gouvernement". Pierre Rosanvallon éclaire les termes de cette question en reconsidérant l’histoire du cas français. Si le procès de la centralisation et du jacobinisme a mille fois été instruit depuis Tocqueville, il y a une histoire qu’il convient de prendre en compte pour saisir la marche effective des choses : celle des fortes résistances à ce jacobinisme.
Professeur au Collège de France, historien spécialiste de la démocratie et de l’Etat, Pierre Rosanvallon a évoqué, mardi soir à la salle du Chapeau-Rouge, le « Modèle politique français » à l’invitation de la Liberté de l’esprit. Quel est l’état de l’Etat dans la France de ce début de XXI e siècle ? Notre Etat est un Etat fossile qui conserve ses antiquités mais n’invente pas de choses nouvelles. On le voit notamment avec les banlieues où les services publics sont dans l’incapacité d’offrir des services nouveaux adaptés à la population. Cette dernière ne réclame pas seulement des guichets mais aussi une aide taillée sur mesure. Cette crise n’est apparemment pas nouvelle. En 1981, l’un de vos ouvrages était titré « La crise de l’Etat-providence »... C’est, en effet, une crise de long terme. Le système français a inventé le colbertiste et figure, avec d’autres, parmi les promoteurs de l’Etat-providence. La France vit dans le fantasme de sa grandeur passée. Mais une société ne peut ni être gouvernée par les nostalgies, ni par les idéologies. Avec la mondialisation, les lieux de contrôle de l’économie ne sont plus au niveau de l’Etat. Il faut, à ce titre, refonder l’Etat-providence pour qu’il soit au plus près des problèmes particuliers des gens. En d’autres termes, il ne faut pas seulement distribuer mais également édifier un contrat entre une personne et des institutions. Le drame de la France est qu’elle n’est pas encore en mesure d’analyser le nouveau monde capitaliste dans lequel il vit ! Quelle est, aujourd’hui, la physionomie du paysage politique français ? Il y a, en France, trois idéologies dominantes. L’une, néo-libérale, estime que le marché doit tout réguler. Une autre, républicaine autoritaire, qui repose sur une forme de gaullisme imaginaire, entretient une vision de l’égalité du citoyen très abstraite. La dernière, radicale nostalgique, n’a pas d’autre projet d’avenir que de faire obstacle aux changements. Je ne dis pas que la résistance est toujours inutile mais la gauche ne peut se définir que dans un projet de société clair et non dans le refus systématique. Les problèmes de fond de la France ne viennent-elles pas en partie de l’archaïsme de la V e République ? Le problème n’est pas seulement institutionnel. L’irresponsabilité du chef de l’Etat est, certes, une anomalie en soit car tout système démocratique signifie que l’on puisse rendre des comptes. Mais cela n’est pas tout. Il y a, dans notre pays, de plus en plus de prise de parole à la base, par les citoyens eux-mêmes, mais ceci demeure très morcelé. Le résultat est que la société française se forge de moins en moins une vision de ce qu’elle est ! * Propos recueillis par Gilles Carrière Biographie Professeur au Collège de France (titulaire de la chaire d’histoire moderne et contemporaine du politique). Pierre Rosanvallon est également directeur d’études à l’école des hautes études en sciences sociales - il dirige le Centre de recherches politiques Raymond Aron (équipe associée au CNRS). Il est aussi président de l’atelier intellectuel international "La république des idées". Ses travaux de philosophe politique ont été consacrés pour l’essentiel à retracer l’histoire intellectuelle de la démocratie française sur la longue durée. Enfin, Pierre Rosanvallon un observateur des problèmes politiques et sociaux contemporains. Publications – Le moment Guizot
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