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Accueil > Société > Yves LAMBERT Yves LAMBERTdirecteur de recherches INRA-CNRS au Groupe de sociologie des religions et de la laïcitéReligion et modernité mardi 6 décembre 2005 20h30 Yves Lambert, sociologue, spécialisé dans la sociologie des religions. Enregistrements audio de la conférence-débatPrésentationConférenceDébatIl s’avère que la modernité a pu, et peut toujours avoir, quatre effets religieux principaux : des effets de déclin, de renouveau (adaptation, réinterprétation), de réaction conservatrice et d’innovation, selon l’époque, le pays, la classe sociale, l’individu. Il en va ainsi de chacun des éléments qui caractérisent la modernité : la primauté de la raison, l’essor des sciences et des techniques, la liberté de l’individu, l’émergence des masses sur la scène de l’histoire (nationalisme, démocratie, socialisme, etc.), le développement de l’économie, la mondialisation. Ce modèle d’analyse est appliqué aux évolutions religieuses des quarante dernières années en France et en Europe. Il s’appuie notamment sur les données des enquêtes sur les Valeurs des Européens.
Yves Lambert : quel avenir pour la religion ? Directeur de recherches INRA-CNRS au sein du groupe de sociologie des religions et de la laïcité, Yves Lambert était l’invité mardi soir, à la salle du Chapeau-Rouge, de la Liberté de l’Esprit. Interview. Le fait religieux a-t-il un avenir et est-il compatible avec la modernité ? La plupart des analyses des sociologues des années 1960 et 1970 penchaient vers une sécularisation de nos sociétés. En d’autres termes, la vie sociale prenait son autonomie par rapport aux religions. Certains estimaient même que ce recul allait entraîner la disparition du religieux. Le communisme et le socialisme triomphaient, la primauté de la raison s’imposait, les sciences et des techniques étaient en plein essor. Pour répondre à la seconde partie de votre question, les religions n’ont pas une position commune face au défi du temps : certaines s’adaptent, d’autres choisissent la voie de la réaction conservatrice. Vos travaux soulignent la progression des religions... Au cours des vingt dernières années, le religieux a en effet bénéficié d’un certain regain. Dans la foulée de la révolution iranienne, l’Islam politique a gagné du terrain. Ailleurs, au sein du monde chrétien, les mouvements charismatiques se sont développés sur le continent américain à un tel point qu’un sociologue US, Peter Berger, a parlé de désécularisation ! Ce retour de la religion ne s’inscrit-il pas dans un cadre plus global de crispation, voire de droitisation, de nos sociétés ? On peut difficilement, en effet, faire abstraction du cadre politique général. Une enquête sur les valeurs des Européens en 1999 a souligné que les jeunes revalorisaient la famille, la fidélité dans le couple, le respect de l’autorité et même l’armée ! Le paradoxe est que ce sont les sans-religion qui ont été à l’avant-garde de ce refus de la permissivité. Avec l’apparition du chômage et de la précarité, une part croissante de la population tourne de plus en plus le dos à la rationalité pour se tourner vers une modernité désenchantée... La France serait-elle, dans ce contexte, sur le point d’être à nouveau un terrain fertile pour le catholicisme ? D’après les derniers sondages, le recul est stabilisé. Mais il faut surtout ne pas oublier que la pratique régulière est très basse. Le profil moyen du catholique pratiquant français est une personne âgée. La nouveauté que l’on note est, chez certains jeunes, un catholicisme très libre, à la carte, où chacun prend ce qui lui convient le mieux pour réussir sa vie. La guerre des deux France, laïque d’un côté, catholique de l’autre est terminée. Il n’y a plus, dans notre pays, d’enjeu politique derrière le religieux. * Propos recueillis par Gilles Carrière Biographie Yves Lambert, né en 1946, est directeur de recherches INRA-CNRS au Groupe de sociologie des religions et de la laïcité (Paris). Il s’intéresse à la sociologie rurale et à la sociologie des religions. Il a étudié l’évolution d’une paroisse bretonne (Dieu change en Bretagne, Ed. du Cerf, Paris, 1985). Il a fait une enquête nationale sur les jeunes du milieu rural avec Olivier Galland (Les jeunes ruraux, Paris, L’Harmattan, 1994). Il a suivi les changements religieux intervenus chez les jeunes (cf., en co-direction avec Guy Michelat, Jeunes et religions en France, Paris, L’Harmattan, 1992). Il a travaillé sur les enquêtes par sondage françaises et européennes, en particulier, sur l’enquête « Valeurs des Européens », dont il a réalisé les chapitres consacrés à la religion (dans Les valeurs des Français, PUF, Paris, 1994, et dans L’évolution des valeurs des Européens, Futuribles, 200, juillet-août 1995). Il prépare actuellement un ouvrage sur les grands tournants de l’évolution des religions. Dernières publications sur les Valeurs des Européens – Religion : développement du hors-piste et de la randonnée", Voir en ligne : Yves LAMBERT dans Wikipédia Un message, un commentaire ? | |