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Accueil > Politique > Nonna Mayer Nonna Mayersociologue et politologueLa montée des populismes jeudi 30 mars 2017 20h00 Comment interpréter ici ou là la montée des populismes et la poussée des votes extrêmes, voire nationalistes ? Le phénomène social et politique s’observe en France comme à l’étranger (élections de Donald Trump, Brexit...). Comment analyser le vote (ou l’abstention) des « classes populaires », des pauvres et des précaires », des « inaudibles » ou des « invisibles » ? Est-ce la fin des idéologies et des partis traditionnels, ou est-ce la manifestation d’un divorce entre « le peuple » et ses représentants ? Pourquoi les discours et les programmes dits « populistes » trouvent grâce auprès dune part croissante de la population ?
Avec la politologue Nonna Mayer, nous essayerons de répondre aux questions :
Le Télégramme le 20 mars 2017 / Recueillis par Gilles Carrièr Rencontre. Nonna Mayer décrypte le populisme Comment interpréter, en Europe comme aux États-Unis, la poussée des votes extrêmes qualifiés de « populistes » ? La sociologue et politologue Nonna Mayer répondra à la question, le 30 mars, dans le cadre de la Liberté de l’esprit. Le populisme s’inscrit dans l’appel direct au peuple tout en balayant d’un revers de la main les contre-pouvoirs intermédiaires. Avec aussi la volonté affichée de substituer à la démocratie une forme de « démocrature ». Cette définition est-elle suffisante ? Au-delà de leurs divergences programmatiques, les populistes (Trump, Marine Le Pen, Wilders, Grillo, Orbán) semblent également communier dans une rhétorique agressive et menaçante. Qu’en pensez-vous ? Vous avez récemment co-écrit « les faux-semblants du Front national ». Derrière le discours « apaisé » de Marine Le Pen se cache en réalité un programme ségrégationniste, nationaliste, xénophobe et protectionniste. Cette stratégie de dissimulation du « nouveau » FN n’est-elle pas la clef de son succès électoral ? C’est une stratégie à double tranchant. Il s’agit pour elle de donner une image plus respectable, plus compatible avec les normes de la démocratie ; cela lui attire des électeurs en accord avec ses idées mais hésitant à sauter le pas. Mais cela peut aussi lui aliéner ceux qui aiment le côté antisystème et outrancier du FN. Mise au pilori de la justice et de la presse, théorie du complot : les propos récents du candidat Fillon s’inscrivent dans un corpus délibérément populiste et identitaire faisant référence à la chrétienté. Fillon et Poutine : même combat ? © Le Télégramme PortfolioUn message, un commentaire ? | |
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Le Télégramme 01 avril 2017 / Gilles Carrière
Populisme : pas un jour sans qu’on n’entende ce mot galvaudé. Un concept difficile à résumer, en effet. C’est du moins l’avis de la politologue et sociologue Nonna Mayer. Une définition restrictive consisterait à associer le populisme à la démagogie et au rejet des élites. Car, précise Nonna Mayer, la démagogie, de la même façon que le discours anti-élites, prospère aussi parmi les partis et électeurs des partis modérés. En outre, le populisme des origines (né au XIXe siècle en Russie comme aux États-Unis) s’inscrivait dans un schéma progressiste, à gauche. En ce début de XXIe siècle, le populisme campe majoritairement à droite de la droite. Pour qualifier ce néo-populisme, la sociologue et politologue rejette le terme d’extrême-droite (trop connoté « Entre-deux-guerres », précise-t-elle), et lui préfère le qualificatif de droite extrême associé dans le monde anglo-saxon à des partis « nativistes »
Un culte de l’« autoritarisme »
Au-delà de leurs divergences idéologiques, les formations populistes se définissent par un culte de l’« autoritarisme », à savoir « le rejet des médiations et de la démocratie représentative », ainsi que par le « monopole de la représentation du peuple ». Et un discours simpliste du type « Il n’y a qu’à » : sortir de l’Euro, de l’Europe, chasser les étrangers... Au fil d’un discours dense, Nonna Mayer souligne néanmoins une évolution du discours populiste dès le début des années 2000.
La droite extrême opère alors sa mue : fini les liens avec des personnages sulfureux de la Seconde Guerre mondiale, exit la vulgate fasciste des années 70. Le nouveau visage de la droite extrême s’articule notamment autour de l’UDC en Suisse, le Parti des Finlandais en Finlande, des figures charismatiques comme Pim Fortuyn et Geert Wilders aux Pays-Bas. En France, Marine Le Pen constitue un cas d’école en soi dans sa quête de « dédiabolisation » qualifiée par la chercheuse de « stratégie rhétorique » à l’efficacité redoutable à en juger par de nouvelles prises de guerre électorales parmi les femmes, les syndicalistes, les fonctionnaires, et, plus surprenant, au sein de la communauté juive et chez les gays ! Le FN, un parti prolétaire ? « Aux dernières élections régionales, 50 % des ouvriers ont voté frontiste. Mais 50 % d’entre eux se sont abstenus. Le FN séduit avant tout de jeunes ouvriers peu qualifiés. Pas les anciens, plus attachés à une culture de gauche ».
« Improbable » mais « pas impossible »
Au-delà du discours simpliste, caricatural, fourre-tout de Le Pen (« seul, selon les enquêtes, un gros quart de l’opinion estime qu’elle a l’étoffe d’une présidente »), Nonna Mayer remarque toutefois que la patronne du FN « bénéficie d’une dynamique électorale tangible ». Sa conquête de l’Élysée est « improbable » mais « pas impossible », estime-t-elle. Aux politiques de gauche comme de droite de « faire de la politique » pour lui faire barrage. Et éviter le pire.
Gilles Carrière
© Le Télégramme
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