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Denez L’Hostis

président de FNE (France Nature Environnement)

Changement climatique, COP 21… Un accord, et après ?

vendredi 5 février 2016 20h00

 


Denez L’Hostis est depuis avril 2014 président de l’association nationale FNE (Fédération française des associations de protection de la nature). Après avoir travaillé comme économiste des pêches (INRA, Ifremer), Denez L’Hostis a occupé plusieurs postes de direction d’organismes comme la SEM du Port-Musée de Douarnenez ou la Cité de la mer à Cherbourg. Militant écologiste de longue date, il a également été élu local à Quimper.


La dernière Cop 21 s’est traduit par un accord pour tenter de maîtriser le changement climatique. Mais le plus dur reste à faire pour encourager -sinon contraindre- les pays, les différents secteurs d’activité et même les populations à modifier leurs habitudes de consommation et limiter ainsi les dégâts prévisibles d’un réchauffement de la planète.

Le dernier accord de Paris sur le changement climatique lors de la COP 21 est plutôt une bonne surprise. Il engage officiellement 195 pays à respecter un certain nombre d’objectifs pour les années à venir, en termes de gestion des ressources énergétiques, d’émission de gaz à effet de serre (GES) et plus largement de modèles de développement.

Avec Denez L’Hostis, nous avons cherché à mieux comprendre les enjeux du changement climatique à l’échelle internationale et les portées de l’accord.

  • Pourquoi l’accord a-t-il été possible après plusieurs échecs ?
  • Quels ont été les freins et les motivations des pays (voire de groupes de pays) et des acteurs économiques pour aboutir à cet accord ?
  • Quelle place et quel poids pour les ONG, la société civile ?
  • Que contient réellement l’acord de Paris ?
  • Quelles sont les avancées ? les principales lacunes ?
  • Quelles sont les prochaines étapes, les outils de contrôle ?


Voir en ligne : FNE (France Nature Environnement)




Messages

  • COP21. Denez L’Hostis : "Des signaux positifs, mais tout reste à faire"

    © Le Télégramme - Plus d’information sur http://www.letelegramme.fr/cop-21/cop21-denez-l-hostis-des-signaux-positifs-mais-tout-reste-a-faire-13-12-2015-10886434.php

    Découvrez la dernière chronique de Denez L’Hostis sur la COP21. "Si certains signaux positifs sont bien là, tout reste à faire, notamment, dès 2016, à la COP22, au Maroc. Par ailleurs, nous avons toujours considéré la COP et le cadre onusien comme un outil et une étape dans le cadre d’un processus plus long et plus large. A nous aujourd’hui d’incarner et d’accélérer la transition écologique et énergétique aux côtés des collectivités, des syndicats, des entreprises et des citoyens", écrit le président de France Nature Environnement.

    Les Etats les plus vulnérables peuvent encore espérer. En mentionnant l’objectif de limiter le réchauffement climatique bien en dessous de 2° et de poursuivre celui de 1,5°, l’accord répond à la demande des pays les plus vulnérables. En effet, les rapports du Giec prévoient la submersion de nombreux archipels du Pacifique et zones côtières si on se contente de l’objectif des 2°.

    Sans cap, aucun vent n’est favorable. L’objectif de long terme de 2° à l’horizon 2100 nécessite un objectif intermédiaire, qui donne un signal clair aux économies et aux investisseurs. On attendait de l’accord qu’il fixe ce cap. Mais la formulation retenue est complexe, alambiquée et manque d’ambition. Elle mentionne, notamment, un « pic d’émission dès que possible ». Par ailleurs, il n’est aucunement fait mention des énergies fossiles dans le texte. On s’attaque à un mal sans jamais en mentionner la cause.

    Responsables-payeurs. Les pays riches, qui se sont développés en utilisant massivement les énergies fossiles, ont largement contribué au réchauffement climatique. Par ailleurs, ce sont les pays les plus pauvres qui subissent aujourd’hui le plus fortement les effets des changements climatiques. Ce devoir de responsabilité et de solidarité sera bien acquitté. 100 milliards de dollars par an seront versés par les pays développés avec une première révision d’ici 2023.

    Plus tard, il sera trop tard. Le cadre des engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre des Etats est bien fixé pour l’après 2020, avec, notamment, un processus de révision tous les cinq ans. Cependant, les contributions actuelles des Etats, qui nous orientent sur une trajectoire de + 3°, ne seront pas révisées. Il est fait mention d’un simple « dialogue facilitateur en 2018 », formulation floue et peu engageante. En l’état, l’objectif des 2° sera donc difficilement atteignable.

    Transports aériens et maritimes : grands oubliés de ces négociations. Les secteurs des transports aériens et maritimes ne sont pas présents dans le texte. Un très mauvais signal quand on sait qu’ils représentent, à eux deux, 8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre et que, selon leurs projections de croissance, ils pourraient représenter jusqu’à 39 % des émissions en 2050.

    Les acteurs non étatiques s’engagent. Depuis deux semaines, nombre d’acteurs non étatiques ont pris des engagements forts en matière de climat. Plus de 700 maires du monde entier se sont engagés au nom de leurs collectivités locales en matière de transition énergétique. Les milieux économiques et financiers se sont prononcés en faveur de l’application du principe pollueur-payeurs, etc.

    Aux Etats de transformer l’essai. C’est en faisant converger et en assurant la complémentarité entre la dynamique internationale onusienne et les démarches de terrain, où se développent et s’incarnent les solutions, que le succès de la transition vers le modèle plus juste, plus sobre et décarboné pourra être assuré. Que ce soit au travers de l’application de la loi sur la transition énergétique, des lois de finances ou encore de l’arrêt de nombreux projets climaticides, dont l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes par exemple, que les Etats devront se montrer cohérents et appliquer sans attendre les engagements pris au niveau international.

  • L’accord de Paris : ce qu’il y a et ce qu’il n’y a pas

    Le verre à moitié plein ou à moitié vide ? La COP21 a accouché d’un texte salué par de nombreux observateurs mais aussi critiqué par des ONG. « Terra eco » fait le point sur le contenu du document.
    Ils se sont embrassés, émus d’y être, enfin, parvenus après quatre longues années de travail. Signer un accord à 195 à Paris, ce n’était pas gagné après le fiasco de Copenhague. Un accord ? Mieux, un accord qui, de l’aveu de tous ou presque, est plus ambitieux qu’on aurait pu l’espérer. Certes ce texte de 32 pages dans sa version anglaise (39 dans la française) ne réglera pas tout, mais il a le mérite de graver dans le marbre quelques principes essentiels. Décryptage non exhaustif.




    Les victoires à l’arraché…


    - Le 1,5°C :

    Le seuil de 1,5°C est apparu à Copenhague, porté par la voix des plus vulnérables, notamment les petits Etats insulaires. Et depuis, l’idée a fait son chemin, emportant peu à peu les adhésions. Sa présence dans le texte est une victoire en soi. L’accord prévoit de maintenir « l’élévation de la température moyenne de l’atmosphère nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels » et de « poursuivre l’action menée pour limiter l’élévation des températures à 1,5 °C ». Intenable, c’est probable. Il n’empêche. Ce chiffre a une portée symbolique forte : « Ce 1,5°C, c’est une question de morale. Nous sommes vulnérables, d’accord, mais pas incapables. Et les discours de Hollande ou de Obama en ouverture de la COP, ont répondu à cette exigence morale. Le monde, le Nord, enfin, nous écoute ! », expliquait Monica Araya, ancienne négociatrice pour le Costa Rica et désormais directrice du cabinet d’expertise climat Nivela, dans les allées du Bourget.

    Reste que le texte manque cruellement de détails sur les moyens à déployer pour respecter ce seuil. Il prévoit seulement de viser un « plafonnement mondial des émissions de gaz à effet de serre dans les meilleurs délais (…) et à opérer des réductions rapidement (…) de façon à parvenir à un équilibre entre les émissions anthropiques par les sources et les absorptions anthropiques par les puits de gaz à effet de serre au cours de la deuxième moitié du siècle ». Des notions trop vagues pour beaucoup.


    - Les pertes et préjudices :

    « Il y a deux ans, les Etats-Unis cherchaient désespérément à éviter toute mention de “pertes et préjudices”. Ils sont arrivés à la conférence en disant : “Nous ne le voulons pas dans l’accord mais ça pourrait être dans les décisions”. Maintenant, c’est dans le texte. Simplement parce que les Etats-Unis ont compris qu’il n’y aurait pas d’accord sans ça », a souligné Michael Jacobs, expert pour la New Climate Economy et ex-conseiller spécial de Gordon Brown à la COP. Mais la décision d’accord ne reconnaît aucune « responsabilité ou compensation ». En clair, les pays riches refusent de devoir indemniser les pays pauvres touchés par les impacts du climat.

    Les oui mais…


    - Le mécanisme de révision :

    Tout le monde en convient, les engagements (INDC) mis sur la table par les pays ne seront pas suffisants pour enrayer le réchauffement climatique. Alors il faut les revoir. Ça tombe bien, l’accord prévoit un mécanisme de révision tous les cinq ans : la première est prévue pour 2025, l’accord entrant en vigueur en 2020. Trop tard pour les ONG, qui rappellent l’urgence climatique. Mais les Etats seront libres de revoir leurs objectifs sur la base volontaire avant 2025. Samedi 12 décembre, en plénière, François Hollande a annoncé que la France réviserait sa contribution « au plus tard en 2020 ». D’autres pays réunis au sein d’une coalition de l’ambition improvisée lors de la COP – dont le Brésil, les Etats-Unis ou l’Afrique du Sud – semblaient eux aussi pencher pour une révision avant 2020.


    - 100 milliards de dollars, « un plancher » :

    Ils l’avaient promis en 2009 à Copenhague. Les pays riches devront atteindre la somme de 100 milliards de dollars (91 milliards d’euros) versé par an en 2020 pour aider les pays du Sud à faire face aux effets du changement climatique. Mais après ? L’accord de Paris a gravé dans le marbre ce chiffre de 100 milliards et en a fait un « niveau plancher » à partir duquel ils fixeront un nouvel « objectif chiffré collectif » au plus tard en 2025. Mais quid de la suite ? On l’ignore.

    Les disparus ou presque


    - Les émissions du transport aérien et maritime :

    La version du 5 décembre remis par les coprésidents de la COP aux ministres comprenait la mention entre crochets : « [Les Parties [cherchent] [devraient chercher] [autre] à limiter ou réduire les émissions de gaz à effet de serre provenant des combustibles de soute utilisés dans les transports aériens et maritimes internationaux » (art 3 paragraphe 20). Mais dans la version suivante, remise par les ministres le 9 décembre, plus rien. « Or, les émissions de ces deux secteurs sont équivalentes à celles de l’Allemagne et du Royaume-Uni et ces secteurs sont en croissance rapide… A moins que nous ne considérions sérieusement le transport aérien et maritime, l’objectif de 2°C n’est pas réaliste », s’étranglait Kevin Anderson, vice-directeur du Tyndall Institute, dans une conférence de presse du Bourget le 11 décembre.

    Le paragraphe ne figure pas dans le texte final de l’accord. Pas d’illusion, il n’aurait pas comporté de règles ou de mesures précises, mais il aurait permis de remettre le problème sur la table assurent les ONG. Mais voilà, la Chine et les Etats Unis étaient farouchement opposés à toute réglementation financière dans le texte, tandis que les petites îles, très vulnérables au changement climatique mais aussi fortement dépendantes de l’aviation n’avait guère d’intérêt à cette mention. Au placard donc la mention.


    - Le prix carbone

    La mention d’un prix du carbone apparaissait dans la version de travail du 3 décembre. Finalement, c’est une formulation vague qui restera dans le paragraphe 137 (le dernier) des décisions annexées à l’accord de Paris : « Il importe de fournir des incitations aux activités de réduction des émissions, s’agissant notamment d’outils tels que les politiques nationales et la tarification du carbone. »


    - Les droits de l’homme

    Disparue du corps du texte, la mention selon laquelle l’accord de Paris doit être mis en œuvre dans le respect des droits de l’homme ne figure plus que dans l’introduction, qui n’est pas contraignante. Selon Amnesty International, l’Arabie saoudite aurait déclaré que la référence aux droits humains dans l’article 2 devait être supprimée, à moins d’ajouter dans la même phrase une référence au « droit des peuples sous occupation ».

  • Le Télégramme 5 février 2016 / Propos recueillis par Gilles Carrière /

    Propos recueillis par Gilles Carrière « Changement climatique, Cop 21... Un accord, et après ? » Le président de France Nature Environnement, Denez L’Hostis évoquera la question ce soir dans le cadre de la Liberté de l’esprit.

    Interview.

    Le dernier accord de Paris sur le changement climatique lors de la Cop 21 est plutôt une bonne surprise en termes de gestion des ressources énergétiques, d’émission de gaz à effet de serre (GES) et plus largement de modèles de développement. Quel regard portez-vous sur la signature finale ?
    Il s’agit d’une grande première mondiale, car c’est le premier accord universel sur le climat, qui clôture un cycle de quatre ans de négociation depuis Durban en 2011. Cependant, il manque d’ambition et ne crée pas les outils nécessaires pour agir, et notamment pour engager au plus vite une transition vers un modèle décarboné, plus juste et plus durable. Cet accord ne concerne que l’après 2020. Un vide sidéral prévaut dans la période transitoire qui nous mène à 2020.

    Quelle part accorder aux motivations et, a contrario, aux freins des acteurs économiques et gouvernementaux pour aboutir à cet accord ?
    Les deux aspects expliquent que l’accord de Paris est un accord en demi-teinte. Les pays vertueux restent une petite minorité. Les pays « égoïstes » sont encore plus nombreux. Les financements sont la clef des évolutions notamment vers les pays du sud. L’Europe aurait pu peser plus encore dans les négociations, la France n’étant pas directement négociatrice, mais pays hôte de la négociation. Trois blocs représentent plus de 50 % des émissions mondiales de GES : les États-Unis, la Chine et l’Europe. Les politiques de chacun de ces blocs ne sont nullement convergentes.

    Quelle place peuvent espérer occuper les ONG et accessoirement la société civile dans l’application de ces accords, tout particulièrement dans les sociétés autoritaires (Chine, Russie) peu amènes avec les contre-pouvoirs ?
    Cela, en effet, ne concerne pas que les ONG, mais tous les acteurs de la société civile : entreprises, collectivités, citoyens, corps religieux... Même dans les pays autoritaires, là où il y a, à la fois, connaissance et conscience des enjeux, les nouvelles classes moyennes dans les pays émergents comme en Chine peuvent peser sur les décisions des pouvoirs en place. Pour nous à FNE, la Chine n’est pas le problème, mais la solution. Le jour est relativement proche où elle devra s’engager brutalement dans un autre modèle, notamment pour des raisons sanitaires et environnementales.

    La mise en place d’une organisation mondiale de type ONU spécifiquement chargée des questions environnementales vous semble-t-elle utopique à moyen terme ?
    Oui, sans doute, quand on voit les approches très différentes des pays membres, cela reste une utopie. Mais, en même temps, c’est bien au sein de la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques (CNUCC) que les choses bougent : les négociations climatiques y ont lieu en permanence et l’on se parle...

    Pratique
    Ce soir, à 20 h, à l’amphithéâtre de l’hôtel Mercure, 21 bis, avenue de la Gare.

    © Le Télégramme - Plus d’information sur http://www.letelegramme.fr/finistere/quimper/denez-l-hostis-quel-cap-apres-la-cop-21-05-02-2016-10947374.php



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