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Pierre-Gilles DE GENNES

prix nobel de physique-chimie

L’Éducation à repenser

vendredi 31 mai 1996 20h30

Le prix Nobel de physique Pierre-Gilles de Gennes. Le vendredi 31 mai à 20 h 30 au Chapeau Rouge, le conférencier développera ses « libres propos sur l’Éducation ». Dans son ouvrage, « Les objets fragiles » paru chez Plon, Pierre-Gilles de Gennes part en guerre contre l’hégémonie sélective des mathématiques et « l’enseignement mou des universités ». Deux affirmations propres à entretenir un débat passionné et à, une fois encore, emplir la salle du Chapeau Rouge. Le prix Nobel poursuit par une série de propositions son analyse des dysfonctionnements et des carences du système éducatif. S’appuyant sur des grands noms et les grandes découvertes de l’histoire des Sciences, il préconise ainsi « le retour au bon sens », l’esprit des « leçons de choses » et le goût de l’observation.




Le Télégramme de Brest 3/6/1996

La physique : Pierre-Gilles de Gennes captive 800 personnes

Invité par l’association « La liberté de l’esprit » que préside Jean-Yves Boudéhen, Pierre-Gilles de Gennes, Prix Nobel de physique en 1991, donnait vendredi soir, une conférence au Chapeau-Rouge. Présenté par Alain Congar, Pierre-Gilles de Gennes, par ailleurs directeur de l’école physique-chimie de Paris et professeur au Collège de France, a d’emblée passionné le public, fort de 800 personnes, en rendant accessible à tous ses connaissances sur la « matière molle » et ses « objets fragiles » et cela sans consulter la moindre note. La recherche fondamentale La première partie de la soirée était consacrée à la recherche fondamentale avec, à l’appui, une rapide présentation de différents chercheurs du XIXe et du XXe siècle, tels qu’Isaac Newton ou Benjamin Franklin qui se sont intéressés aux « films d’eau ». Le talent de l’orateur a consisté à rendre compréhensible des travaux scientifiques, certes un peu complexes pour les non-initiés, mais somme toute abordables pour peu que l’on prenne, comme Gilles de Gennes a su le faire, le temps de les expliquer avec force détails et exemples. Ce prix Nobel, indéniablement très charismatique, voulait surtout montrer aux jeunes, que les chercheurs ne sont pas « des grands gourous ». « On se trompe, mais on survit parce que l’on travaille en groupe », affirmait-il. Privilégier le sens de l’observation Le débat qui suivait a révélé un humaniste proche des préoccupations actuelles sur la nécessaire réforme de l’éducation. « La sélection ne doit plus se faire uniquement par les mathématiques », clame cet ardent défenseur de la complémentarité nécessaire à tout travail de recherche. « Il faut privilégier le sens de l’observation chez les enfants et leur donner le goût du travail bien fait ». L’utilisation du microscope est préférée à la manipulation informatique qui dispense l’enfant de toute participation active et le prive d’une méthode de recherche. « Toutes les qualités d’observation, de travail manuel et la capacité à retracer ce que l’on a vu disparaissent par l’interface avec l’ordinateur ». Les efforts sont condamnés à l’échec... La didactique mise en cause Pierre-Gilles de Gennes s’interroge également sur le « poids excessif » pris par la didactique dans les IUFM. « C’est une espèce de jeu formel qui a déformé l’esprit des gens, au lieu de leur faire apprendre vraiment leur métier ». D’où une légitime inquiétude du scientifique devant cette idée de « moule ». « Les énergies sont mal employées. Il faut au contraire, préconise Pierre-Gilles de Gennes retrouver l’esprit de la leçon de choses comme à l’école de Jules-Ferry et savoir s’émerveiller devant une simple goutte d’eau ». La présence de Pierre-Gilles de Gennes à une soirée-débat n’aura certes pas été une « simple goutte d’eau » dans le programme de conférences organisées par la « Liberté de l’esprit ». Elle marquera encore longtemps les esprits de tous ceux qui y ont assisté et qui, pour la plupart, étaient issus du milieu étudiant ou enseignant.



Le prix nobel de physique-chimie Pierre-Gilles De Gennes à Quimper : Humble chercheur et passionnant pédagogue

En venant à Quimper, vendredi 31 mai au soir, le professeur Prix Nobel De Gennes avait un triple handicap : succéder au président de la République dans la capitale de Cornouaille, remplir la salle du Chapeau-Rouge à 800 places, après Mgr Gaillot et Hubert Reeves, et enfin, parler avec simplicité et conviction des " objets fragiles " avec un " larynx " en mauvais état.

C’est avec brio que le professeur du Collège de France a su relever le triple défi et démontrer, transparents à l’appui, l’hisoire de ses recherches en physique des solides, en particulier en ce qui concerne la " matière molle ", ce qu’il appelle dans son livre les " objets fragiles ". Une classe unique de 800 élèves, jeunes et vieux, passionnés et curieux, spécialistes ou candides, a suivi pendant plus de deux heures notre conteur parlant des grands scientifiques du passé, notre professeur dissertant de pédagogie et notre expérimentateur observant ses bulles de savons, ses films d’huile, ou ses nuages de fongicides sur les vignes. Une soirée qui donnait à penser et à questionner !

Une longue histoire de chercheurs

P.G. De Gennes a " rendu à César ce qui est à César ", en parlant de ses illustres prédécesseurs dans cette histoire de la matière molle : Newton, achimiste et physicien, qui expliqua pourquoi les bulles d’eau savonneuse sont colorées ; Thomas Young qui découvrit la nature ondulatoire de la lumière et les hiéroglyphes en même temps que Champollion ; le belge Plateau qui théorisa sur les anneaux et hélices à film d’eau savonneuse de surface minima ; Francklin qui après l’histoire du paratonnerre, expérimenta à Londres sur les films d’huile couvrant une mer calme (le principe des " mers d’huile ! " ; Agnès Pockels qui étudia les tensions superficielles sur les gouttes d’eau ; Caroll qui travailla sur le mouvement des bulles de savons et sur le captage de signaux " parasites " à plus de 600 km ; et enfin Maessens qui à l’aide d’un dispositif simple, observa comment un film liquide à surface minimale peut se " casser " ou se " rétracter " sous l’effet d’une étincelle électrique.

La physique dure de la matière et des particules trouvait ainsi un complément peu enseigné en secondaire et relativement nouveau pour les auditeurs ... " Je ne pensais pas qu’on puisse faire une physique-chimie de la matière molle " avouait un physicien en herbe après l’exposé du professeur.

Un Prix Nobel mérité et utile

A l’issue du brillant exposé de P.G. De Gennes, un participant osait encore poser la question " Mais pourquoi étudier les bulles d’eau savonneuse ? A quoi cela peut bien servir ? " La preuve que la " science expérimentale des objets fragiles " restait encore étrange pour certains. Le conférencier n’eut pas de mal à redire toutes les applications de la théorie au domaine biomédical, à la sidérurgie, à l’optique, à l’électronique, à l’informatique. Il rappela aussi une loi connue en information : celle du retard des médias sur la recherche de l’économie sur la découverte et de la pédagogie sur l’avancée scientifique ... Il redit d’une manière simplifiée et humble pourquoi il a reçu le prix Nobel en 1991 pour des travaux qui semblent amusants, mais qui en réalité sont très complexes. Enfin, il expliqua tout ce qui a été fait par son équipe depuis 1991 : le démouillage des surfaces hydrophobes comme les films de polyéthane, la solution des problèmes d’aquaplaning des voitures sur route mouillée, l’existence des " moutons blancs " dans les impressions off-set en quadrichromie, et tout récemment le traitement par nuages et brouillard fongicide des vignes dont les grains cireux et les feuilles sont hydrophobes … En dehors de la riche information reçue, l’intérêt évident d’une conférence de P.G. De Dennes, c’est de constater qu’avec un minimum de matériel simple et un sens aigu de l’observation, on peut encore aujourd’hui devenir Prix Nobel, sans forcément faire appel à une technologie de pointe, coûteuse et sophistiquée.

Vers une pédagogie nouvelle

Fidèle à sa longue expérience de conférencier - pour les élèves du secondaire, les étudiants ou le grand public - P.G. De Gennes s’est efforcé de donner quelques lois pédagogiques utiles et simples.

" On peut faire des expériences simples avec du matériel simple, à tous les niveaux ... On doit privilégier au maximum l’esprit d’observation et faire des leçons de chose ... Il n’est pas nécessaire de donner trop de principes à priori - comme on le fait souvent en mathématiques, physique, chimie ou biologie ... Il faut créer un équilibre entre le goût du travail bien fait et une versatillité positive de l’esprit et de l’expérience ... Il importe d’apprendre à décider par soi-même, avec bon sens, et loin des abstractions ... Il est urgent de désenclaver l’école, le lycée et la Fac pour les élèves et pour les profs, par des stages en entreprise, par une culture manuelle et physique, par la création de l’année sabbatique ... C’est dommage dans l’éducation nationale de donner les " mauvaises classes " aux professeurs débutants ... Il ne fallait pas utiliser les maths comme instrument de sélection. Les maths, c’est une très belle science. Il faut les faire par plaisir ! Hélas, ce n’est pas toujours le cas ! "

Ainsi, comme autrefois Euclide ou Pascal retrouvaient simplement les axiomes de bases, P.G. De Gennes, un soir de mai à Quimper, a retracé simplement le visage humain d’une pédagogie pour l’an 2000. Du très grand Nobel à la pointe de la Bretagne !

Jean PÉRON



Biographie

Pierre-Gilles de Gennes, né le 24 octobre 1932 à Paris et mort le 18 mai 2007 à Orsay[1], est un physicien français.

L’Académie royale des sciences de Suède lui a décerné le prix Nobel de physique en 1991 pour ses travaux sur les cristaux liquides et les polymères[2]. Ses contributions ont généré de très nombreuses études relevant tant de la physique et de la physico-chimie fondamentales que des sciences appliquées.






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