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Monique SENÉ

physicienne nucléaire, chercheuse au CNRS

La France peut-elle sortir du nucléaire ?

jeudi 18 novembre 1999 20h30

Monique Sené est une physicienne nucléaire, chercheuse au CNRS, et cofondatrice du Groupement des scientifiques pour l’information sur l’énergie nucléaire (GSIEN).


Nucléaire : " tout mettre sur la table "

Les animateurs de l’association quimpéroise " La Liberté de l’esprit " ne pouvaient mieux choisir que Monique Sené pour venir parler, devant un auditoire malheureusement plus réduit qu’à l’accoutumée, de l’énergie nucléaire et de la façon dont la France peut se sortir, en matière de politique énergétique, d’une spirale qui à la fois s’avère coûteuse et dont on n’a jamais pu prouver qu’elle était sans danger.

Physicienne nucléaire, Monique Sené s’est penchée pour le compte du CNRS, 37 ans durant, de 1960 à 1997, au Centre européen de recherche nucléaire de Genève - le fameux CERN où se trouvent les non moins fameux accélérateurs de particules - sur la structure des particules, mais n’a jamais travaillé directement ou indirectement, sur les centrales ou les déchets. Elle connaît donc. Ce qui l’autorise à affirmer des vérités. Elle a accès à l’information. Mais elle est libre.

Convaincue et convaincante, elle préside depuis 25 ans maintenant le GSIEN, Groupement scientifique pour l’information sur l’énergie nucléaire, et fut à ce titre l’une des figues emblématiques de Plogoff.

L’avenir lui a donné raison.

Quand, en décembre 1975, suite à l’Appel des 400 consécutif à l’annoce du programme nucléaire français, qui prévoyait 200 réacteurs pour l’an 200, dont 20 à 40 de type Super Phénix, elle souligna, outre le fait que la population n’avait pas été consultée, qu’il était indispensable, avant de faire le choix du tout nucléaire, de s’assurer de l’approvisionnement en uranium, elle ne se trompait pas. Nous dépendons aujourd’hui totalement de pays étrangers pour nous approvisionner.

Elle soulignait aussi, outre les problèmes pendants de sûreté, celui des déchets pour l’avenir. Il est à ce jour loin d’être résolu.

Quant au nombre de réacteurs, elle avoue aujourd’hui sans fard que " deux accidents nous ont aidés ". L’incident de Three Miles Island aux USA, qui a démontré qu’une fusion de cœur était possible, et Tchernobyl, qui a montré qu’une installation nucléaire pouvait exploser et contaminer de vastes zones, " même en France où il n’est pas recommandé de séjourner dans certaines régions ni d’y consommer certains produits ".

Résultat : la France possède actuellement 59 réacteurs, qui produisent 80% de son électricité et 30% de ses besoins énergétiques, et a abandonné Super Phénix. D’où une balance " pas cohérente. Il y a 10 à 14 réacteurs de trop. On exporte donc, mais on produit aussi des rejets et des déchets, que l’on devrait vendre avec notre électricité. Et l’on ne peut continuer à dépendre à 80% du nucléaire pour produire notre électricité. "

Elle concède que quelques efforts ont été faits en matière de diversification, avec les énergies renouvelables par exemple, mais " il y a un décalage entre ce que l’on pourrait faire et ce que l’on fait réellement. Pour mettre en place une politique énergétique cohérente, il faut être volontariste. "

L’effet essuie-glaces

En matière de sûreté, Monique Sené déplore le manque d’études sérieuses sur les conséquences sur la santé par exemple (15 registres seulement en France) ou sur les effets des rejets, dont on ne connaît pas les rejets, le manque de moyens en matière de prévention et estime " qu’il est heureux que, en France, on n’ait eu jusqu’à présent que des incidents. Ça marchotte mais, quand quelque chose ne va pas, on voit des avaries plus importantes et on arrête. " Ce qu’elle appelle " l’effet essuie-glaces : quand il fait un drôle de bruit et que vous vous arrêtez pour le vérifier, vous vous apercevez que la roue de votre voiture est prête à partir. Alors vous resserrez.. Vous avez échappé à l’accident. "

" Tout mettre sur la table "

Elle ne manque pas d’exemples, aussi terrifiants les uns que les autres, pose des réserves sur la qualité de certains bétons confinant les enceintes ou sur la corrosion du métal des cuves, se permet de dire que " le nucléaire va relativement vien mais est atteint de plusieurs maux qu’il faut prendre au sérieux " et que "en matière de coût, il faut tout prendre en compte, y compris celui fénéré par les effets des rejets et les déchets. "

Sur les rejets, elle est préremptoire : " Je milite pour le zéro rejet. Il y a trop d’incertitudes sur leurs effets ".

Quant à sortir du nucléaire, si elle y est favorable, elle ne pense pas que ce soit possible d’un seul coup : " Il faut, dit-elle, avoir le courage de tout poser sur la table, de faire quelque chose de cohérent en tenant compte de nos réels besoins et surtout prendre en charge les déchets. Ce qui durera longtemps. Quand on aura fait ça, on aura tous les éléments du problème. "

Jean-Yves MANAC’H,



Biographie

Monique Sené est une physicienne nucléaire, chercheuse au CNRS, et co-fondatrice du du Groupement des scientifiques pour l’information sur l’énergie nucléaire (GSIEN).

Le 3 octobre 1998, Monique Sené, alors présidente du GSIEN, a reçu la légion d’honneur.


Voir en ligne : https://fr.wikipedia.org/wiki/Moniq...






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