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Jean-Noël JEANNENEY

historien

L’État et le marché

jeudi 5 octobre 2000 20h30

L’historien et ancien secrétaire d’Etat au commerce extérieur (1991-1992) puis à la communication (1992-1993) abordera la question de « l’Etat, du citoyen et du marché ». « Depuis une décennie, on assiste à un bouleversement du rôle de l’Etat en matière économique. Tandis que persiste un certain Etat providence, se développe la privatisation de nombreux services publics et sociétés nationalisées, alors que des entreprises en mal de rentabilité travaillent aujourd’hui pour le privé en concurrence avec les industriels comme les arsenaux ». « Le citoyen en ressent confusément l’idée d’un affaiblissement de l’aptitude de l’Etat à piloter l’économie, ce qui a aussi pour effet de poser d’autres questions, notamment sur sa capacité à faire face à ses missions traditionnelles ».




7 octobre 2000

Jean-Noël Jeanneney : « Non à un Etat modeste ! »

Quelle doit être la nature des relations entre l’Etat, le citoyen et le marché ? L’historien et ancien secrétaire d’Etat socialiste Jean-Noël Jeanneney a plaidé jeudi soir à la salle du Chapeau-Rouge pour un « Etat régulateur qui doit résister à l’idée qu’il doit être absent partout ». Une raisonnable théorie de la troisième voie au coeur de la première réunion de la saison de la Liberté de l’esprit. « L’Etat, le citoyen et le marché ». Une vaste question que Jean-Noël Jeanneney choisit d’aborder sous l’angle de « la longue durée et l’éclairage de l’Histoire ». Et l’ancien secrétaire d’Etat des gouvernements Cresson puis Bérégovoy de citer en préambule... de Gaulle ! « Le marché n’est pas au-dessus de la Nation et de l’Etat ». Une petite phrase soulignant au passage l’ancienneté du débat entre la puissance publique et la « main invisible du marché ». Plus politique qu’historien, Jeanneney construit sa démonstration en dénonçant « les enfants d’Adam Smith ». « Pour les libéraux du XIX e siècle, dit-il, l’Etat providence constitue un danger pour la démocratie ». Histoire de donner corps à son discours, il se fait l’avocat d’une poignée de modèles républicains parmi lesquels figurent Saint-Simon, Clemenceau et Caillaux. Chez les deux premiers, Jeanneney salue respectivement la « discipline de l’intérêt général », « la pensée moderne et généreuse en matière sociale », le père de l’impôt sur le revenu symbolisant à ses yeux la victoire de « l’Etat providence contre l’Etat modeste ». Sur un plan d’ordre général, réfutant catégoriquement le binôme capitalisme-communisme, l’invité de la Liberté de l’esprit plaide - sans la citer - pour une troisième voie de type travailliste. « L’addition des égoïsmes particuliers ne constituant en aucune manière le meilleur des mondes, je ne suis pas près d’abandonner l’Etat législateur pour un Etat régulateur ». Et Jeanneney de refuser le scénario d’un capitalisme triomphant consacrant le recul honteux de l’Etat. « Je déteste la notion d’Etat modeste. Il faut au contraire qu’il résiste à l’idée qu’il soit partout absent ! » L’ancien secrétaire d’Etat évoque notamment dans la foulée un domaine qu’il lui est cher, celui des médias. « Ici comme ailleurs, l’Etat doit être le garant d’un équilibre que la logique du profit n’est pas en mesure d’assurer ». Non sans autosatisfaction, il explique les raisons pour lesquelles - dans la foulée de la « déconfiture capitaliste de la Cinq » - il s’est battu pour l’arrivée d’Arte sur le réseau hertzien. « Il fallait contribuer à une tessiture plus riche de la culture nationale ». En conclusion, l’intellectuel socialiste élargit brièvement la réflexion sur le terrain extra-national. « Quelle Europe voulons-nous faire ? Un espace de libre-échange ? Une démocratie de consommateur ? » Une vraie-fausse question ouverte à laquelle Jean-Noël Jeanneney n’a pas jugé utile de répondre. « Les nouvelles formes d’emploi et la précarité ».



L’État face au triomphe du marché

Jean-Noël Jeanneney était jeudi soir l’invité de la Liberté de l’esprit pour animer une réflexion sur le rôle de l’État face au triomphe du marché. Il a défendu un État moderne adapté à notre période.

Jean-Noël Jeanneney est historien, ancien président de Radio-France, ancien secrétaire d’État au Commerce extérieur puis à la communication, professeur à Sciences Po. La liste de ses attributions passées et présentes est longue … Il était invité à la Liberté de l’esprit à l’initiative de la préfecture, à l’occasion des 200 ans de la création du corps préfectoral (créé sous Napoléon 1er, le 28 pluviôse de l’an VIII). Il invoqua pour étayer son propos les mânes de Saint-Simon, Clémenceau et Joseph Caillaux, rien de moins, sans oublier De Gaulle, Adam Smith, et bien d’autres dont il cita abondamment des extraits de leurs discours respectifs.

Ce sont plutôt de grandes idées très générales qui furent abordées ce soir-là. Ainsi comment l’État peut-il se comporter en face des initiatives qui se développent ? Trois idées paralyseraient beaucoup d’initiatives : l’effet pervers (l’idée qu’on n’atteint jamais ce que l’on veut atteindre), l’effet d’inanité (on a beau essayer de changer, on ne change rien) et l’effet de mise en péril (vous allez contribuer à démolir ce qu’il y a de bon déjà).

Jean-Noël Jeanneney, par contre, appelle de ses vœux un État qui soit " un instrument fécond au service de l’intérêt général ", qui soit cet élément régulateur dans la montée en puissance du marché qui est source de profit, de modernisme et de progrès mais aussi cause d’inégalités. Et c’est là que l’État a son rôle à jouer : " L’État est responsable à long terme alors que le marché par nature tend vers la myopie ", citant comme exemple un domaine comme l’environnement (" Nous avons des comptes à rendre aux générations suivantes ") mais aussi les caisses de retraite, la santé, les transports, l’école et un autre domaine qui lui est familier, la communication : " L’État doit se mêler des médias, non seulement en shérif mais aussi en intervenant dans des domaines qui échappent à la loi du profit. " D’où la création de Arte par exemple.

Affaires

Il n’évita pas totalement la question de l’État compromis dans les affaires. Dans le public, certains le lui rappelèrent lors d’un débat très court et très peu animé : " Tout le monde a triché jusqu’en 1990, même le public faisait semblant de croire que l’on pouvait faire fonctionner les partis sans argent. Depuis de bonnes lois ont été promulguées en 1990 et 1995, sous Rocard et Balladur. " Il préconise quant à lui l’amnistie dans l’intérêt de la collectivité : " Si non on va continuer à vivre dans cette pourriture . Il ajouta " Le chef de l’État doit avoir suffisamment de sérinité pour s’occuper des affaires internationales ", d’où son immunité.

Il conclut sur la nécessité pour l’Europe de préserver sa différence face aux États nations et leurs spécificités et non pas sur les régions comme le préconisait un auditeur.



Biographie

Jean-Noël Jeanneney est un historien et homme politique français, né le 2 avril 1942 à Grenoble. Issu d’une famille nombreuse (7 enfants, dont notamment Pierre-Alain Jeanneney, Conseiller d’Etat et Avocat), fils de Jean-Marcel Jeanneney, petit-fils de Jules Jeanneney, deux importantes figures de la vie politique française. La famille Jeanneney est originaire de la Haute-Saône. Il est également président du conseil scientifique de l’Institut François-Mitterrand et animateur d’une émission de radio hebdomadaire sur France Culture, Concordance des temps.






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