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Christophe GUILLUY et Christophe NOYÉ

géographes

Enjeux sociaux et politiques des nouvelles fractures sociales

mardi 21 mars 2006 20h30

Christophe Guilluy, géographe, est consultant auprès de collectivités locales et d’organismes publics.
Christophe Noyé, géographe est travailleur indépendant pour le compte de collectivités locales, notamment sur l’intercommunalité et l’habitat privé. Il est chargé de cours à l’université de Paris-XII- Créteil.


Enregistrements audio de la conférence-débat

Présentation

Conférence

Débat


Le fait saillant de ces deux dernières décennies n’est pas tant la paupérisation de quelques cités que la concentration des couches supérieures dans l’ensemble des villes-centres des grandes métropoles, y compris dans les quartiers populaires. Particulièrement visible à Paris, le phénomène touche en réalité toutes les métropoles régionales. Ces centres prescripteurs, en concentrant les catégories les plus impliquées dans la sphère publique, influencent de fait le débat et les grandes politiques publiques.

La question de la place des couches populaires de la ville est aujourd’hui posée. La relégation dans les très grandes périphéries urbaines et rurales d’une part croissante de la population, fragilisée par l’insécurité sociale, est une question politique majeure. Ce déclassement et parfois cette précarisation des salariés modestes illustrent la fin de la moyennisation de la société fran&iccedil;aise et l’éclatement d’une mythique classe moyenne.



23/3/06

Liberté de l’esprit : la nouvelle fracture sociale en France

Assiste-t-on à la fin des classes moyennes dans notre pays ? Auteurs d’un passionnant « Atlas des nouvelles fractures sociales en France » (Editions Autrement), les géographes Christophe Guilluy et Christophe Noyé notent, à travers la paupérisation croissante de certaines catégories sociales (employés et ouvriers), une ségrégation spatiale entre villes et campagnes. Invités, mardi, de la Liberté de l’esprit, ils ont répondu aux questions du Télégramme.

Vos travaux font le constat que les centres urbains sont de plus en plus colonisés par les bobos, qui rejettent de fait les milieux populaires hors de la cité... Les catégories supérieures « délogent » en effet les catégories les moins favorisées. Historiquement, la révolution industrielle avait attiré les paysans pauvres vers les villes. La révolution post-industrielle provoque l’inverse. Le parc locatif privé, occupé il y a encore dix ou quinze ans par les catégories populaires, disparaît progressivement des grands centres. Parallèlement, les HLM ne remplissent plus leur fonction - comme c’était le cas dans les années 60 et 70 - de loger les travailleurs. Ils accueillent les ménages pauvres. Les listes d’attente et le parc social dégradé poussent les moins pauvres des pauvres à fuir vers les campagnes, loin des bassins d’emploi. Pourquoi cet état de fait, loin d’être marginal, ne préoccupe-t-il pas les pouvoirs publics ? En France, on se polarise sur la crise des banlieues. Mais la question sociale ne se limite pas à ça. Les dynamiques sociales ne peuvent se résumer à quelques quartiers difficiles. L’espace périurbain n’intéresse pas grand monde : un chômeur de longue durée, cloîtré dans son modeste pavillon, ne fait pas de bruit et ne suscite pas plus l’intérêt des journalistes que des politiques. Ces espaces sont pourtant frappés par la précarité et la pauvreté disparate. L’isolement de ces populations invisibles se manifeste pas une sous-syndicalisation et un faible engagement dans le tissu associatif. Elles s’engagent peu dans la sphère publique sauf au moment des élections. A chaque consultation électorale, ces oubliés de la croissance, marginalisés par la mondialisation, s’invitent dans le débat public à travers un vote extrémiste élevé, particulièrement en direction du FN. L’enjeu politique est de taille. Va-t-on vers une logique terrible de la fermeture entre classes sociales ? La question demeure, à ce jour, un tabou car elle met à mal le sacro-saint modèle français. Le chômage de masse a conduit à une implosion de la société française et brise le mythe de la gigantesque classe moyenne dont Giscard d’Estaing appelait de ses voeux il y a trente ans. Analysons les résultats du référendum de 2005 sur l’Europe : les espaces centraux, intégrés, ont globalement voté « oui » tandis que les campagnes ont voté « non ». 30 % des ménages français oscillent entre précarité et fragilité économique : ces petits salariés, très fragilisés, ne sont plus du tout dans une logique d’ascension sociale.



Biographies

Christophe Guilluy,
Il est géographe consultant, directeur du bureau d’études géographiques et urbaines MAPS.
Spécialiste de la dynamique sociale des quartiers et de la politique de la ville, il a fréquemment participé à des études sur ce thème (Politique de la ville et Intercommunalité en Ile-de- France par exemple). Il participe à la réalisation d’un observatoire du logement social à Nanterre. Il réalise actuellement pour le compte de la région Ile-de-France une étude sur les mobilités résidentielles induites par les opérations de renouvellement urbain. Par ailleurs, avec C. Noyé, il mène une étude sur le thème de la gentrification pour le Ministère de l’équipement.
Il est l’auteur d’un Atlas des fractures fran&iccedil;aises : les fractures fran&iccedil;aises dans la recomposition sociale et territoriale, L’Harmattan, 2000.

Christophe Noyé,
Il est géographe et travailleur indépendant pour le compte de collectivités locales, notamment sur l’intercommunalité et l’habitat privé. Il est chargé de cours à l’université de Paris-XII- Créteil.
Il est fréquemment intervenu sur les thèmes du logement ou de la dynamique sociale dans le cadre de diagnostics de quartier ou d’études d’urbanisme plus généralistes (POS, PLU, SD, …). Il a participé à de nombreux PLH : Sedan, Charleville, Soissons, Laon, Noirmoutiers, … Il a participé avec C. Guillluy à la réalisation des études "politique de la Ville" pour le compte de la ville de Paris : diagnostics quartiers, études sur les mobilités, … Il assure une mission permanente de conseil et de direction de l’observatoire de l’intercommunalité pour le compte de l’ADCF (Assemblée des Communautés de France).
Il est co-auteur avec Christophe Guilluy de l’Atlas des nouvelles fractures sociales en France : les classes moyennes oubliées et précarisées, paru aux éditions Autrement en Septembre 2005.


Voir en ligne : Christophe GUILLUY sur Wikipédia






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