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Hélène L’Heuillet

philosophe, psychanalyste et maîtresse de conférences en philosophie politique et éthique à l’Université Paris-Sorbonne

De l’intolérance à la haine...

vendredi 6 mars 2020 19h00


Si la haine est une expérience psychique nécessaire - impossible de grandir ou de passer les étapes de la vie sans en faire l’expérience -, l’absence de refoulement de cet élan pulsionnel est dévastatrice pour la vie en société et pour soi-même. Or la haine s’invite de nos jours dans les dialogues, et surgit au moindre désaccord, entre voisins, dans le couple, dans la famille, au travail, et bien sûr, de façon véhémente, en politique. Et ce nouveau discours de la haine produit nécessairement de nouvelles formes de violence.


Dans cet essai passionnant, Hélène L’Heuillet envisage les mouvements populiste et jihadiste comme des effets de ce nouveau rapport à la haine. Rien d’étonnant dès lors à constater qu’ils attirent ceux qui sont nés au sein même de ces discours, qui ont été socialisés par eux, bercés par leurs rengaines : les jeunes.
Qu’a-t-on dit, ou plutôt que n’a-t-on pas dit, à la jeunesse pour qu’elle soit séduite par le type de radicalité en jeu dans le populisme et dans le jihadisme ? Comment expliquer qu’elle désire à ce point la destruction ?


Voir en ligne : https://fr.wikipedia.org/wiki/H%C3%...




Messages

  • De l’intolérance à la haine...

    La haine a tendance à grignoter beaucoup de débats . Elle transforme tous les différents points de vue en guerre . On assiste à des formes de guerre en famille,dans la société .Le simple argument est pris par l’autre comme une menace dans son existence . Les gens deviennent facilement intolérants . L’existence de l’autre serait elle intolérable ? Il faut se situer . Est on pour ou contre la haine ? Il est nécessaire de repartir du rapport à l’autre,de choisir une disposition d’esprit .

    L’intolérance rend allergique à l’altérité,détermine à ne pas pouvoir supposer une existence sociale de l’autre . Haïr les autres,c’est être allergique à l’altérité et par effet de rebond c’est être allergique à soi . Après un acte regrettable,on s’interroge . Pourquoi j’ai fait ça ? Pourquoi j’ai dit ça ? Qu’est ce qu’il m’a pris ?

    Le progrès nous permet de franchir les océans,les déserts et pourtant il arrive souvent qu’on ne punisse pas se supporter entre voisins . Les frontières sont redoublées de murs . Nous sommes hantés par l’illusion de la terreur de l’autre .

    Qu’est ce qui nous est arrivé et pourquoi ?
    Pourquoi la haine ?

    Ce sentiment extrême pose un problème moral . Il convient de chercher les raisons de la haine . La haine entraîne une destruction du langage,diminue la capacité de réfléchir . On en arrive à nier l’autre,à la négation de son existence . Pourtant on ne peut pas penser sans altérité . Il faut la présence des autres pour parler . La haine détruit les conditions du langage et de la pensée . Elle aboutit rapidement à échanger des insultes entre les interlocuteurs .

    Le débat contradictoire,la conflictualité sont souhaitables pour expliquer,éclaircir des questions complexes . Mais aujourd’hui, on observe souvent que la confrontation d’idées se transforme vite en haine surtout s’il s’y ajoute de l’intolérance . L’adolescent,pendant son évolution vers l’âge adulte,est emmené à connaître nécessairement l’expérience psychique de la séparation . Cette situation le met souvent de nos jours dans une forme de haine .

    Dans notre époque tourmentée,on voit apparaître un phénomène nouveau de jouissance de la haine . Il faut montrer à son entourage que l’on n’est pas bisounours . Cette mauvaise humeur extravertie démontre aux autres que l’on n’est pas dupe de l’hypocrisie de la société . Par contre,si on la considère comme une valeur de référence,c’est une posture dangereuse pour le lien social . La haine s’insinue dans les discours,pénètre dans le langage,elle finit par obtenir une forme de légitimité .

    Pour analyser le développement de la haine,je distinguerai trois chapitres.

    1) Difficultés à trouver dans les débats des tiers qui fassent médiation,pacification .
    2) La haine de la surjectivité
    3) La haine de la temporalité

    1) Difficultés à trouver dans les débats des tiers qui fassent médiation,pacification .

    Il y a un face à face généralisé . L’exemple le plus flagrant et le plus fréquent est le face à face entre la police et la population . La police dans les démocraties constitue le tiers institutionnel qui refuse toute violence négociable . Deux films illustrent bien cette opposition irrémédiable entre la police et des jeunes de banlieue . Le premier sorti s’intitule " La Haine " créé en 1995,le second les " Misérables " paru en 2019 .
    ( à suivre)

  • De l’intolérance à la haine....

    Dans le film " La Haine ", trois jeunes de banlieue ne pardonnent pas à un commissaire d’avoir blessé mortellement l’un des leurs pendant un interrogatoire . Le plus virulent des trois promet que si son camarade meurt à cause de ce mauvais traitement,il n’hésitera pas à tuer le commissaire ou un de ses collègues . Cette haine passionnelle de la police entraîne ces trois jeunes gens dans un cercle vicieux qui les déstabilise et les diminue fortement . Ces trois jeunes amis qui se parlent au bord de l’explosion en arrivent à s’injurier .
    Dans le film " Les Misérables " ,on assiste à une opposition frontale et violente entre la police et des jeunes de banlieue . La police occupe la position centrale dans ce film . Les policiers ne cherchent plus à dialoguer avec les jeunes pour instaurer une pacification dans les quartiers . Ils considèrent seulement que l’usage de la peur peut assurer une relative tranquillité publique . Les affrontements se multiplient entre les jeunes et la police si bien qu’à un moment donné un policier commet une bavure . A la suite d’un coup de flash ball dans le visage d’un garçon,les violences entre les deux camps ne cessent pas de monter en gammes . Le film se termine par une scène de guerre dans une cage d’escalier .

    Ainsi, cela existe à tous les niveaux de la société . On devient fataliste . C’est comme ça . On est en guerre . C’est toi ou moi . " Soit on est avec moi,soit on est contre moi " . Le débat d’idées est évité car il est considéré comme une attitude de faiblesse . Les discours de paix sont déconsidérés au bénéfice des positions qui conduisent à la guerre . Vouloir que l’autre soit comme moi,c’est chercher une domination absolue. On revient à une intolérance qui date des guerres de religions. Le goût ambivalent pour l’altérité n’existe plus puisque les interlocuteurs refusent toute discussion contradictoire . Or,du débat contradictoire jaillit la lumière .

    Certains discours politiques visent à dresser les différentes catégories sociales ou les différentes ethnies les unes contre les autres . Au nom de l’autorité,de la fermeté,on monte les gens les uns contre les autres . Il y a une privatisation du langage dans l’entre-soi . On se comprend dans son camp comme dans le film " Les Misérables " de 2019 . Or,pour pacifier un débat,il est nécessaire de préciser le sens des mots pour les mettre en position de réception des tiers . Ainsi se met en mouvement le ressort de la dialectique . On peut pluraliser les perspectives selon nos places dans la société qui sont conflictuelles . ( à suivre)

  • De l’intolérance à la haine...

    Nous sommes pris dans la haine de la subjectivité ;tout le monde a envie de parler de lui et de ne pas tenir compte de l’opinion de l’autre . Une position excessivement subjective emmène à une confusion avec l’identité . On tombe dans le règne du moi qui devient idenditaire . On en arrive à se complaire dans le narcissisme . L’autre doit me renvoyer une image destinée à me valoriser . L’idenditaire nous pousse à avoir une flatteuse image totale de nous-même . Par contre,cette exigence ne nous empêche pas " d’être ondoyant et divers " . Le sujet adopte la conduite qui lui convient, selon les circonstances de temps ou de lieux . Les jeunes cherchent ce satisfecit .

    Ces attitudes protéiformes empêchent l’Être de se connaître lui-même . On est bien loin de la maxime proférée par Socrate et rapportée par Platon : " Connais-toi toi-même ! " . Le but ultime, à notre époque, est simplement d’être reconnu,de se placer dans la lumière . Cette évolution négative détermine la dé-liaison sociale . Il y a toujours de l’autre en moi surtout dans un pays où est instituée l’Instruction Publique . Nous partageons les connaissances de ceux qui ont vécu avant nous et qui vivent présentement .

    En utilisant les moyens de l’intelligence artificielle et du numérique,les jeunes dessinent leurs profils . Ils ont tendance à se ligoter eux-mêmes dans la création de leur image idenditaire . Beaucoup de recrutements se font dans les réseaux internet à l’heure actuelle . La société de " l’Ecran Global " incite à figer l’image que l’on veut donner de soi-même . L’intelligence artificielle calcule le profil à la place de la personne . Celle-ci en est réduite à une quantification qui la traite comme une chose,une marchandise . On est loin du souhait transcendant du philosophe Henri Bergson qui écrivait : " Notre société a besoin d’un supplément d’âme " .

    Nos représentants politiques ont tendance à réduire à zéro les questions existentielles,à les ramener uniquement à des normes comptables comme la situation des retraités . Les seniors ont l’impression d’être des surnuméraires c’est à dire des personnes en trop qui augmentent le budget déficitaire de l’Etat . On ne sait plus traiter l’autre de manière idéalisée . La misogynie, elle aussi, a changé ;elle est poussée à l’extrême jusqu’au féminicide .

  • De l’intolérance à la haine..... Catherine L’heuillet

    La Haine de la Temporalité,

    Dans notre vie contemporaine,nous sommes happés par l’accélération de l’histoire . La valorisation de la compétition économique entre pays a déterminé cette même compétition entre les individus . L’homme
    hypermoderne est devenu un homme unidimensionnel comme l’écrivait déjà Herbert Marcuse en 1964 aux Etats-Unis et publié en France en 1968 . Autrement-dit, l’homme ne serait perçu depuis la seconde moitié du 20ème siècle que dans sa dimension économique et financière ;l’home économicus . Dans notre société d’aujourd’hui,Avoir est plus considéré que Être .

    Dans ce contexte,nous courons,nous accélérons notre vitesse d’exécution pour essayer de faire deux journées en une seule . Bien que nous en prenions conscience, nous sommes emportés dans la spirale de ce mouvement collectif . Il s’ensuit l’établissement d’un rapport de haine avec la temporalité . Souvent,on entend dire dans nos relations sociales : " Je n’ai pas le temps " . Le temps ne nous apparaît plus dans son altérité pour échanger des idées,des opinions avec un autre . Nous sommes pris dans une course effrénée pour rentabiliser chaque instant . Il faut à tout prix combler les vides temporels qui peuvent se présenter . La nécessité absolue de réussir dans sa carrière finit par conduire au burn-out .

    A contrario,l’ennui,le spleen ou le vague à l’âme teinté de mélancolie magnifié par certains auteurs romantiques,est la conséquence d’une haine du temps vide . L’expression " tuer le temps " formule bien cet état de passivité et d’irrésolution . D’un côté,il y a ceux qui ne savent pas quoi faire,de l’autre des personnes qui ont trop à faire .
    L’ennui est la cause de passages à l’acte dans le djihadisme ou le populisme,mais aussi d’autres passages à l’acte de la jeunesse qui tombe dans l’abus de stupéfiants et d’alcools . Pourtant,il convient de donner de la valeur à notre vie dans le temps . Comment alors desserrer le taux de la haine ? Il est difficile de faire disparaître entièrement la haine . La solution la meilleure dans un premier temps est d’essayer de composer avec la haine,de ne pas lui donner trop d’éléments .

    Nous nous heurtons souvent à un problème de coexistence humaine d’où peut naître une conflictualité devenant de plus en plus agressive . La meilleure parade est de savoir se parler,d’utiliser les ressources du langage . Cet échange mutuel de propos aboutit à nous prescrire des lois non écrites de convivialité . Ces dernières nous aident à considérer l’autre non pas comme un adversaire mais comme un collègue . A partir du moment où on se considère comme l’un à côté de l’autre et non pas l’un contre l’autre,nous voyons le monde d’une autre manière . Nous arrivons alors à déjouer le face à face négatif pour privilégier l’adresse sur la communication .

    Aujourd’hui,le langage s’est dégradé à tel point qu’on ne sait pas consoler l’autre lorsqu’il subit des situations difficiles comme le deuil ou un accident de la vie . On ne sait dire que des banalités du genre : " Est ce que ça va mieux ? " . Par contre, les parents et surtout les mamans savent écouter les petits enfants à la sortie de l’école pour leur offrir un abri . La journée est finie . L’enfant ressent le besoin qu’on le chérisse . Les voisins sont aussi les premiers autres avec lesquels nous sommes emmenés à avoir des relations sociales aimables . Se trouver soi-même, c’est aussi aller à la rencontre de l’autre .

    Avant de terminer cet exposé,je reviendrai sur des points évoqués précédemment pour les préciser et les compléter .
    Dans le cadre de la haine de la subjectivité,on assiste à des débats fallacieux,composés de vérités et de contre-vérités . Le locuteur jongle avec les ambiguïtés pour aboutir à une conclusion qui satisfait son intérêt personnel . Au contraire,il faut toujours tenter de redevenir soi-même à travers l’échange humain . Il est intéressant d’aller jusqu’au bout de la logique de l’altérité . Un tel m’a dit quelque chose qui a compté pour moi . Il convient de laisser un peu de place au désir inconscient,d’abandonner quelque temps la rigueur rationnelle . On sait ce qu’on ne veut pas,mais savoir ce qu’on veut est un peu plus compliqué . Il nous arrive d’être écartelé entre plusieurs désirs sans aboutir à trouver le meilleur à satisfaire .

    Cultiver les décalages temporels . Se redonner un peu de temps . Nous devenons esclaves du temps parce que nous voulons trop anticiper l’action future . Respecter le temps des choses et le temps de l’autre . On entend parfois cette remarque : " C’était pas le bon moment pour dire ça,pour faire ça " . Prendre un peu de distance avec la dictature de l’immédiat . Dans la société actuelle,tout nous encourage au pulsionnel . La créativité,c’est considérer que la vie vaut d’être vécue . La formulation dogmatique : " Aime ton prochain comme toi-même " consistait à mettre un voile sur la haine,car on supposait qu’elle pouvait toujours surgir . Se donner du temps pour se restructurer plus positivement,pour donner davantage de valeur à son existence . Permettre à la parole de retrouver ses droits contre la jouissance de la haine .

  • De l’Intolérance à la Haine..... Hélène L’Heuillet

    Le Débat

    Question : Je vais vous poser trois questions .
    1) Vous avez dit que nous allons vers un monde de plus en plus caractérisé par la diversité . C’est vrai à certains égards . Pourtant,le trait dominant c’est l’uniformisation dans le cadre de la globalisation et la passivité totale des populations comme en Chine .
    2) Jusqu’où peut on tolérer l’intolérance ?
    3) On constate de nouvelles formes d’atteintes à la condition féminine . Cette situation s’est aggravée . Pourtant,durant ces cinquante dernières années,des progrès ont été faits .

    Réponse :On vit dans un monde de diversité,car nous côtoyons même dans notre pays des cultures différentes . Il en va de même des religions et des langues .Par contre,on constate,il est vrai,une uniformisation économique et matérielle de toutes nos sociétés . La tolérance ne va plus de soi . Certains disent que cette indulgence est un peu bê-bête . Pour un grand nombre d’entre nous,la diversité n’est pas tolérée . Notre système économique et social nous oblige à vivre tous au même rythme . Beaucoup ont envie de se mettre dans un total conformisme . Celui qui n’adopte pas cette attitude généralisée et imposée de fait, est ostracisé voire harcelé . Cette oppression peut conduire la victime jusqu’au suicide . Le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les jeunes .

    Jusqu’où peut on tolérer l’intolérance ?
    Tant qu’on reste dans le langage,une chance persiste de s’entendre même si on est dans une situation de conflictualité . Faut il être un ennemi de l’intolérance ? Il y a en effet des cas où l’on est obligé de fixer une limite infranchissable à la tolérance . Par exemple,il est inadmissible de laisser dire des propos racistes ou extrémistes . On essaie, tant qu’on peut, de convaincre par des arguments de respect de la vie de l’autre .

    En ce qui concerne les féminicides,je ne fais pas d’échelle d’évaluation de la gravité . Par contre,je ne vais pas faire l’éloge du patriarcat . La nouvelle vie des femmes détermine de nouvelles formes de violences .

    Question : Est ce que vous n’êtes pas dans une logique de rapports de force face à face avec la nature ? Vous considérez qu’il y a une recherche permanente de la domination de la nature de la femme . On arrive donc fatalement à l’affrontement bien qu’on ait cherché d’abord à maîtriser la situation pénible .

    Réponse : En effet on est dans un schéma binaire et tout schéma binaire est un schéma de domination qui veut faire plier l’autre . Est ce inéluctable ? Les mentalités commencent à changer . Les tenants les plus farouches de la technologie admettent maintenant qu’il faut respecter la nature . Pour Descartes,l’homme est destiné à être le maître de la nature . Aujourd’hui,les disciples de la domination tempèrent cette prétention ;ils conçoivent qu’il faut composer avec la nature . Le respect d’un certain nombre de données s’impose au genre humain .

    Question : L’éducation a une grande influence . Quand on a la haine,on a mal . Un ami m’a dit : " Quand je ressens de la haine envers mon prochain,je prie Dieu pour qu’il m’enlève la haine et ça marche " ?

    Réponse : C’est en effet une forme de thérapie traditionnelle . Que nous le voulions ou non,nous sommes dans une ambiance de haine dès le surgissement à la vie de l’enfant . La naissance est une épreuve pour la maman et le bébé qui subit la dé-liaison du cordon ombilical à sa venue dans le monde extérieur . En effet, lorsque l’enfant paraît il se met à pleurer.Sa détresse exprime une solitude existentielle due à sa séparation d’avec sa mère . Il faut vite le consoler,le dorloter pour éviter qu’il se sente isolé . Il y a une inter-action entre la haine et l’isolement . La haine finit toujours par conduire à l’isolement et l’isolement peut faire naître la haine . Au contraire, l’amour explicite le sentiment du lien,crée de la joie . C’est aussi un sentiment extrême qui peut basculer dans la haine lorsqu’on est déçu de l’être aimé . L’ambivalence entre la haine et l’amour se manifeste donc . Chez les djihadistes et les populistes,on remarque une culture de la haine . Comme on le dit parfois avec trivialité,on va repeindre quelqu’un,lui tailler un costard .

  • Hélène L’Heuillet
    De l’Intolérance à la haine......

    Question : Chaque individu porte une part de haine . Par l’éducation on peut la maîtriser et vivre en société . Pourquoi parler de haine à propos des retraites ? Je le conteste . Un débat contradictoire a été mené sur le problème des retraites . Chez les " Gilets Jaunes ",je suis d’accord,il y a eu de la haine . On ne peut pas mettre au même niveau de comparaison populisme et djihadisme . Le passage à la violence physique est-il fatal dans le populisme ?

    Réponse : Dans une société démocratique,le problème est le passage à l’acte violent . Le djihadisme est certes plus meurtrier et semble t-il, il n’a aucune idéologie populiste . Malgré tout,on observe dans l’histoire que tous les populismes ont fini en régimes de mort . Le mouvement populiste d’extrême droite porte en lui-même une possibilité d’appel au meurtre . Le phénomène populiste à mon avis fait glisser la démocratie dans le sens du peuple . Il dresse les " petits " contre les " gros ",s’oriente dans une direction sociale,évolue vers la défense de la race presque unanime du pays . Même si officiellement,les partis d’extrême droite renoncent à l’idée de race,ils finissent dans la logique interne de leur mouvement politique par y aboutir et la revendiquer . Les idéologies de ces partis d’extrême-droite sont racistes . Le populisme définit le peuple au sens politique,juridique,social,
    ethnique .
    Les groupes de pression revendicatifs,plus ou moins volontairement,contiennent en leur sein une part plus ou moins grande de haine . On a bien vu que les " Gilets Jaunes " ont manifesté de la haine contre le gouvernement . En effet,beaucoup se sont mis en grève,se sont longtemps privés de salaires ou de revenus pour exprimer leurs désaccords vis à vis du gouvernement . Les manifestants contre la réforme des retraites avaient aussi de la haine parce que le problème des retraites a été traité dans une orientation comptable et non pas dans un sens social . Evidemment dans tous les cas,l’éducation joue certainement un rôle .

    Question : Entre l’amour et la haine,il n’y a qu’un pas . La haine peut-être une réaction de la personne pour qu’elle soit reconnue . C’est quand on n’est pas entendu que les cris arrivent,que cette violence s’extériorise . Cette demande peut être interprétée comme une demande à recevoir une réponse de la part d’une autorité publique .

    Réponse : La question,c’est jusqu’où peut on aller ? Une dé-liaison est toujours possible malheureusement entre deux êtres qui s’aiment . Cet amour l’un envers l’autre peut alors se transformer en haine . Les djihadistes s’entraînent au clivage,à la séparation . Pour eux celui qui n’adore pas le Dieu de leur religion est un hérétique . Il est donc damné d’avance et peut être tué . Dans ce cas,la haine a créé un fanatisme meurtrier . Un point d’appui est alors franchi . On ne peut plus faire marche arrière . Comme le " Satyre " de Victor Hugo,le sujet n’est alors qu’" une force qui va " . Quand on s’entraîne pour commettre des meurtres,peut on quitter la haine pour revenir à l’amour ? S’approchant du meurtre,on ne peut pas revenir à l’amour.

    Question : Le langage des politiques entre eux a évolué ? Quelle est votre appréciation ? Avez vous effectué des comparatifs avec les débats
    d’autrefois ?

    Réponse : Le langage politique s’est très appauvri aujourd’hui . Dans une émission parlementaire " Le Rembobinage ",j’ai écouté une interview de Mendès France réalisé par Anne Sinclair . J’ai pu constater avec effarement comment cet échange était intéressant à regarder et à écouter . Le langage employé par ces deux locuteurs etait caractérisé par un vocabulaire exact et élégant,des tournures de phrases stylées . Boileau avait raison de dire : " ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire viennent aisément " .
    On ne voit plus pareilles conversations de qualité aujourd’hui . Aujourd’hui,la communication a remplacé le débat analytique,voire la capacité de disserter sur une question politique,économique ou sociale . La communication consiste à convaincre l’opinion publique que le gouvernement a raison de prendre telle ou telle mesure même si la majorité du peuple s’y oppose . La communication est toujours à la fois partielle et partiale,elle imite les slogans publicitaires . Il s’agit de convaincre même en usant d’arguments fallacieux . Il faut à tout prix gagner . Les hommes politiques gagneraient à dire sur certains sujets épineux : " Je ne sais pas " . Par contre il appartient légitimement aux hommes politiques de décliner des arguments et de dire tout ce qu’ils savent sur tel ou tel sujet .

  • Hélène L’Heuillet
    De l’intolérance à la haine.......

    Question : Après l’attentat terroriste du " Bataclan " où un monsieur avait perdu sa femme,il déclara : " Je n’aurai pas la haine " . La haine fait du mal à soi et aux autres . Le mieux pour chacun est de vivre avec amour et respect . Il y a pourtant des gens et des choses que je n’aime pas . Malgré tout ,on peut vivre sans haine .

    Réponse : Je n’ai pas fait l’éloge de la haine . Je dis qu’un événement dramatique peut nous y faire basculer dedans .

    Question : Est ce que la haine n’est pas favorisés par l’appartenance à un groupe ?

    Réponse : La personne qui appartient à un groupe,révèle ses idées et par là-même définit son identité .

    Question : Comment faire pour lutter contre la haine qui se développe dans un groupe ?

    Réponse : Le groupe,en tant que tel,est dangereux par son identité qu’il cristallise . Dans l’embrigadement d’une foule,le passage à l’acte souvent violent est facilité . L’enjeu,c’est la responsabilité . Nous sommes tous responsables d’engager tel ou tel phénomène social . Essayer de ne pas agir de manière corporatiste dans la foule car des élans passionnels destructeurs peuvent se produire .

    Question : En ce qui concerne plus précisément la guerre,il m’a été raconté que,pendant la guerre des tranchées en 1914-1918, de soldat à soldat chacun n’éprouvait pas de la haine l’un envers l’autre individuellement . On voyait dans l’autre un père de famille que son Etat avait obligé de faire la guerre . Au fond,les soldats de chacun des deux camps en conflit voyait un autre soi-même obligé de combattre sur ordre de son Etat . Il est vrai que les hommes qui déclarent la guerre ne la font pas en première ligne .

    Réponse : Dans les armées pour motiver les combattants,on insuffle de la haine . Une autorité militaire,représentative de l’Etat,intime au citoyen,transformé alors en sujet,d’obéir à un ordre . Son être est alors divisé entre l’obligation de respecter la vie et le devoir de tuer l’ennemi de sa patrie . Par contre, pendant les conflits militaires,des exactions de foule se réalisent,comme le massacre de populations belges en 1914 par l’armée prussienne et le drame sanglant,ignoble d’Oradour-sur-Glane le 10 juin 1944 par les SS allemands .
    On constate,aujourd’hui aussi,des nouveaux radicalisés qui passent à l’acte de leur propre initiative comme des djihadistes qui écrasent des gens en voiture ou les tuent à coups de couteaux . Il est vrai aussi que les chefs dans ces mouvements terroristes leur infligent un lavage de cerveaux . Il est difficile pour les services sociaux de distinguer entre islamisme et djihadisme . L’islamiste pratique sa religion musulmane sans attenter à la vie d’autrui . Le djihadiste est convaincu qu’il faut tuer les infidèles à sa religion. Il s’approche de plus en plus du meurtre jusqu’au moment où, fanatisé, il le commet . Sa dé-radicalisation devient alors difficile pour les travailleurs sociaux . Il est nécessaire de prendre au cas par cas chaque radicalisé en tenant compte de son degré de radicalisation . . Les personnels des services sociaux sont confrontés devant chaque patient à soigner à des cas de conscience compliqués .
    Peut on libérer un tel ou tel sans risquer qu’il soit un futur récidiviste semeur de morts . Est ce que par le langage,on arrivera à les intéresser à autre chose pour qu’ils parviennent à se valoriser eux-mêmes sans nuire à des personnes de convictions différentes des leurs ?

    Les jeux vidéo violents peuvent déterminer leurs pratiquants à se complaire dans l’assassinat virtuel . Mohamed Mérah s’est entraîné sur les jeux vidéo à devenir un meurtrier . Mais ; rassurons-nous,tous ces adeptes de pareils jeux ne deviennent pas des meurtriers . Cependant,ces pratiques ludiques peuvent réveiller des pulsions . N’importe quelle personne ne peut pas appuyer sur la gâchette dans n’importe quelles conditions .

    L’emploi des drones, pour attaquer et tuer des groupes ennemis, éloigne les utilisateurs des théâtres d’opérations militaires . Ils ne sont pas dans l’action de guerre sur le terrain . La guerre numérique à distance empêche ou diminue fortement la prise de conscience de la tragédie mortifère dans les combats . Lorsque ces techniciens militaires de la société globale des écrans s’aperçoivent du nombre de morts réels,certains tombent en
    burn-out . Une fois qu’on tue,on est plus comme avant . Il y a néanmoins la responsabilité des hommes au niveau du commandement militaire et du pouvoir politique des Etats .



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