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Denis Pelletier

historien, directeur d’Etudes à L’Ecole Pratique des Hautes Etudes, à la Sorbonne

Laïcité : un enjeu de société ?

jeudi 23 février 2017 20h00

La laïcité face aux retours des identités religieuses. Modèle français, problèmes européens



Particularisme français, la France, dont l’un des piliers est la loi de 1905 séparant l’église et l’état, vit aujourd’hui la montée des identités religieuses dans un monde exacerbé par la radicalisation. Pourtant, paradoxalement, l’athéisme ou plutôt l’absence de religion n’a jamais été aussi fort tant dans le monde qu’en France où près de 30% des français se déclarent athées convaincus. Une donnée essentielle à intégrer dans une réflexion globale et mondialisée.

Denis Pelletier, directeur d’Etudes à L’Ecole Pratique des Hautes Etudes, à la Sorbonne, est responsable de la chaire "Histoire et sociologie du Catholicisme Contemporain". Il intervient dans différentes revues : Vingtième siècle. Revue d’Histoire, Archives de sciences sociales des religions, Entreprise et Histoire... parmi les thématiques :
 Sciences et religions dans le monde
 Les catholiques dans la République
 Laïcité, Séparation, sécularisation
 La charité en pratique.
 Chrétiens français et allemands sur le terrain social : au XIX°-XX° siècle
 Utopie missionnaire, militantisme catholique.

Avec Denis Pelletier, nous avons cherché à mieux comprendre ce qu’est la laïcité en France et ce qui la rend différente dans les autres pays :

  • Comment définir la laïcité ? Quelle est la différence entre laïcité et athéisme ?
  • Etat des religions en France et pratiques religieuses
  • Quels sont les diffèrents modèles en Europe et dans le monde ?
  • Laicité, Sécularisation, Séparation. Histoire, héritage, limitede la loi 1905
  • La religion à l’école et les formes d’enseignements
  • Religion et enjeu politique
  • Comment l’Etat laïc cohabite avec la montée des religions ?




Messages

  • "Ce ne sont pas les électeurs qui ont décidé que la campagne de 2017 tournerait autour de la sécurité, du terrorisme, du foulard et du burkini. C’est Elkrief, et tous les autres squatteurs des antennes. Hamon vient de leur imposer un cinglant démenti. Sans préjuger du reste, merci à lui." Daniel Schneidermann / Arrêt sur images
    http://tempsreel.nouvelobs.com/rue89/sur-le-radar/20170123.OBS4184/benoit-hamon-ruth-elkrief-l-islamo-gauchisme-et-la-pollution.html

  • LE MONDE | 26.01.2017 à 16h31

    « Aujourd’hui, les controverses sur la laïcité ne surgissent quasiment qu’à propos de l’islam »

    Notre journaliste Cécile Chambraud, chargée du suivi des religions au « Monde », a répondu aux questions des internautes sur le thème de la laïcité qui oppose Benoît Hamon et Manuel Valls.

    C’est un des thèmes sur lesquels Benoît Hamon et Manuel Valls se sont opposés mercredi soir lors du débat : la laïcité n’est pas vue de la même manière au sein du Parti socialiste. La laïcité se résume-t-elle à la stricte application des lois, au premier rang desquelles la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat – « la plus belle qui soit » selon Benoît Hamon ? Ou bien doit-elle aller au-delà, au point d’assumer la forme d’un « combat politique », comme le soutient Manuel Valls ?

    Notre journaliste Cécile Chambraud, chargée du suivi des religions au Monde, a répondu aux questions des internautes.

    Desdichado : Hamon a répété plusieurs fois – en substance – qu’il était favorable à « la loi de 1905, et seulement la loi de 1905 ». Est-ce à dire qu’il pourrait revenir sur les lois de 2010 (voile intégral) et surtout de 2004 (signes religieux à l’école publique) ?

    Cécile Chambraud : Benoît Hamon, mercredi lors du débat, a effectivement dit que le régime de la laïcité en France était défini par la loi de 1905 (même si le mot laïcité n’y figure pas). Le candidat à la primaire à gauche a notamment déclaré qu’il était pour « la loi de 1905, toute la loi de 1905, rien que la loi de 1905 », qui est, selon lui, « une loi de liberté », « une loi complète ».

    On ne lui a pas demandé s’il était favorable à une suppression des lois de 2004 et 2010. Il a rappelé qu’à l’époque, il s’était prononcé contre l’interdiction du voile intégral dans l’espace public. On peut comprendre, à travers ses déclarations, qu’il privilégie une interprétation libérale de la loi de 1905 visant d’abord à garantir la liberté de conscience et de culte.

    En revanche, il s’est notamment dissocié de Manuel Valls sur l’idée qu’il pourrait y avoir un combat à mener contre le voile que portent certaines musulmanes.

    Benoit : Les politiques ne sacralisent-ils pas la laïcité que lorsqu’il s’agit de l’islam ? Ne serait-ce pas juste un instrument des politiques pour empêcher l’islam d’être trop visible dans la société : à la plage avec le burkini, à la fac avec le voile ?

    Il est évident qu’aujourd’hui, les controverses sur la laïcité ne surgissent quasiment qu’à propos de l’islam. Il faut tout de même avoir en mémoire qu’en France, le régime de laïcité s’est d’abord construit contre l’Eglise catholique, qui a été pendant des siècles constitutive du régime politique. Aujourd’hui, l’islam est relativement nouveau dans le paysage français. Il est, à son tour, mis à l’épreuve par le type de laïcité qui a été construit dans ce pays.

    Ed : Qu’est-ce qui oppose la position de M. Valls à l’application stricte de la loi de 1905 ?

    Manuel Valls est bien entendu partisan de l’application normale de la loi de 1905, mais ce qu’il a dit mercredi, lors du débat, montre que, selon lui, ce n’est pas suffisant pour défendre la laïcité. Selon lui, « la loi est utile » mais en outre, il faut « un combat politique » contre ceux « qui veulent imposer leur ordre qui n’est pas celui de la République ». Il vise ainsi les salafistes et les Frères musulmans.

    Djamila : Je ne puis m’empêcher en tant que femme de lier laïcité et féminisme. Peut-on savoir si les candidats ont également fait le lien entre les deux ? De quelle manière ?

    Manuel Valls a établi un lien entre laïcité et défense des femmes à plusieurs reprises. « Nous sommes là pour aider » les « jeunes filles qui vivent cet ordre machiste, cette régression », a-t-il dit en parlant de la question du port du voile.

    Benoît Hamon, lui, a insisté sur le fait que les femmes qui veulent porter le voile doivent être libres de pouvoir le faire, « peu importe ce que nous pensons » de cette pratique.

    JiBé : Les lois actuelles sur la laïcité sont-elles plus orientées comme défendant des libertés (liberté de culte) ou comme imposant des limitations (interdiction de tout signe religieux dans l’espace public) ?

    La loi de 1905 a été voulue par ses auteurs, après de longs débats au Parlement, comme une loi de liberté. Son article premier dispose : « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes. » Et son article 2 oblige l’Etat à la neutralité et à veiller à ce que cette liberté soit effective.

    Mat : Que veut dire concrètement « combat politique » dans la bouche de Manuel Valls ? Quelles sont les mesures envisagées ?

    Manuel Valls n’a pas détaillé dans son programme de mesures relatives à ce « combat politique », mis à part la rédaction d’une « charte de la laïcité » qu’il veut « adosser » à la Constitution. Mais à l’évidence, son soutien à l’été 2016 aux maires qui avaient pris des arrêtés anti-burkini faisaient partie de ce combat politique.

    Lemonde Président : Quelle est la position d’Emmanuel Macron sur la laïcité ? Est-il plus proche des fondateurs de la loi de 1905 ou d’un certain laïcisme ?

    Emmanuel Macron est lui aussi partisan d’une approche libérale de la laïcité. Il se montre plus proche de la position de Benoît Hamon que de celle de Manuel Valls. Il est par exemple hostile à une interdiction du voile à l’université.

    Pussyhat : Sale mélange des genres entre laïcité et liberté des femmes. Il y a cinquante ans, je n’ai pas pu entrer en t-shirt à bretelles à Saint-Pierre de Rome. Il y a dix ans, une fille n’a pas pu faire le cross en short. Et j’en ai d’autres dans le genre...

    Entrer épaules nues à Saint-Pierre de Rome n’est toujours pas possible, je vous le confirme. Mais une tenue correcte, c’est-à-dire assez couverte, est aussi exigée pour les hommes...

    Espoing : Pourquoi opposer la loi de 2004 à celle de 1905, comme on le voit parfois, alors qu’elle est justement garante de cette dernière ? L’école accueille des citoyens en devenir dont le libre choix de culte ne saurait être influencé par les encadrants. La situation est bien différente à l’université, qui est le théâtre d’un apprentissage entre adultes.

    Votre analyse sur la différence entre l’école et l’université est juste, c’est d’ailleurs sur la nécessaire protection des jeunes en formation que s’est fondée la loi de 2004 pour interdire le port des signes religieux ostentatoires. Mais ce texte a introduit une exception dans la règle née de la loi de 1905 qui voulait que la neutralité ne s’applique qu’à l’Etat et à ses agents, et pas aux usagers. Les enfants des écoles sont donc les seuls usagers du service public à être tenus à la neutralité religieuse.

    http://www.lemonde.fr/societe/article/2017/01/26/aujourd-hui-les-controverses-sur-la-laicite-ne-surgissent-quasiment-qu-a-propos-de-l-islam_5069641_3224.html

  • Libération / Par Frantz Durupt, photo Laurent Troude — 19 février 2017 à 10:56

    Jean Zay, figure de gauche et de la laïcité récupérée par le FN (et par d’autres)

    Des circulaires de celui qui fut ministre de l’Education nationale sous le Front populaire sont utilisées pour défendre de nouvelles attaques contre les musulmans. Hélène Mouchard-Zay, sa fille, s’attaque à ce « rapt ».

    http://www.liberation.fr/elections-presidentielle-legislatives-2017/2017/02/19/jean-zay-figure-de-gauche-et-de-la-laicite-recuperee-par-le-fn-et-par-d-autres_1548454

    Quand elle a vu ça, elle est « tombée de sa chaise », dit-elle à Libération. Hélène Mouchard-Zay est la directrice du Cercil-Musée Mémorial des enfants du Vel d’Hiv d’Orléans. L’objet de sa surprise figure dans le programme de Marine Le Pen, candidate du Front national à l’élection présidentielle. Voici sa proposition n°102, sur les 144 que compte son programme :

    « Faire de l’école un "asile inviolable où les querelles des hommes n’entrent pas" (Jean Zay), donc en y imposant non seulement la laïcité, mais également la neutralité et la sécurité. »

    Laïcité, neutralité, sécurité ? Le programme de Marine Le Pen ne précise pas ce qu’elle entend par ces mots. S’agirait-il d’aller plus loin que la loi de 2004, qui interdit le port de signes religieux « ostensibles » à l’école ? Et si oui, de quelle manière ? Contacté, le directeur de la communication de la candidate, Florian Philippot, n’a pas répondu.

    A défaut de préciser son propos, Marine Le Pen se réfère à une grande figure de l’Education nationale française, Jean Zay. Une figure de gauche aussi : ministre sous le Front populaire, résistant, Jean Zay a été assassiné par la milice française en 1944. Hélène Mouchard-Zay est sa fille et voir son père récupéré par le Front national la dérange beaucoup.

    L’école, un « asile inviolable où les querelles des hommes n’entrent pas » : ces mots sont bien de Jean Zay. Ils figurent dans une circulaire signée par le ministre de l’Education nationale le 31 décembre 1936, portant « sur l’absence d’agitation politique dans les établissements scolaires ». A cette circulaire en succédera une autre, le 15 mai 1937, « interdisant le prosélytisme religieux ». Elles sont toutes deux lisibles dans leur intégralité sur le site de la BNF. Au cours des dernières années, ces deux circulaires ont été régulièrement citées dans les débats sur la laïcité et l’école. Et les voilà qui reviennent donc dans le programme du FN. Mais que disent-elles vraiment ? Et surtout, dans quel contexte ont-elles été adoptées ?
    Des circulaires pour contrer l’influence de l’extrême droite

    Le contenu, d’abord. La circulaire du 31 décembre 1936 vise des méthodes d’agitation politique menées par des personnes ou des partis non désignés : « Ici le tract politique se mêle aux fournitures scolaires. L’intérieur d’un buvard d’apparence inoffensive étale le programme d’un parti. Ailleurs, des recruteurs politiques en viennent à convoquer dans une "permanence" un grand nombre d’enfants de toute origine scolaire, pour leur remettre des papillons et des tracts à l’insu, bien entendu, de leurs parents et les envoyer ensuite les répandre parmi leurs condisciples », dénonce Jean Zay. « On devra poursuivre énergiquement la répression de toute tentative politique s’adressant aux élèves ou les employant comme instruments, qu’il s’agisse d’enrôlements directs ou de sollicitations aux abords des locaux scolaires », ajoute-t-il.

    La circulaire du 15 mai 1937 complète celle de 1936 en précisant que ces recommandations valent aussi pour les « propagandes confessionnelles » : « L’enseignement public est laïque. Aucune forme de prosélytisme ne saurait être admise dans les établissements. Je vous demande d’y veiller avec une fermeté sans défaillance. »

    Le contexte, ensuite. Dans un texte publié sur Facebook, et partagé notamment par l’actuelle ministre de L’Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, Hélène Mouchard-Zay le rappelle : « Ceux […] qui, dans les années 30, menacent la laïcité, ce sont essentiellement les ligues d’extrême droite qui, pour détruire la République, maintiennent l’agitation dans les établissements scolaires et cherchent à y introduire leur propagande, par toutes sortes de ruses : tracts, recruteurs, enrôlement, etc. C’est contre les menées de ces ligues que Jean Zay veut protéger les enfants, et par la protection de la loi. »

    Plus loin, Hélène Mouchard-Zay rappelle les liens historiques qui rapprochent précisément le Front national de ceux à qui Jean Zay s’opposait : « En 1940, c’est cette même extrême droite qui accueille comme une "divine surprise" (Maurras) l’accession au pouvoir, grâce à la victoire de l’Allemagne, de Pétain et de ce régime qui va s’empresser de mettre à mort la République, avant d’engager les persécutions contre ceux qu’il désigne comme "l’anti-France". Ses journaux, en particulier Gringoire et Je suis partout, ne cessent pendant toute l’occupation d’alimenter la haine contre les juifs et les résistants, et Jean Zay, depuis toujours détesté par l’extrême droite, continue à être l’une de leurs cibles principales. La milice s’engage activement dans cette chasse à mort contre les juifs et les résistants. Cette même milice qui assassinera Jean Zay en 1944… Le FN est l’héritier historique de cette extrême droite française, maurrassienne et pétainiste. Il ne s’en est jamais démarqué, et chacun peut constater l’inspiration maurrassienne des idées qu’il développe. »

    Quant à la « neutralité » vantée par Marine Le Pen à travers ces circulaires, là aussi, Hélène Mouchard-Zay estime que la candidate du FN tape à côté de la plaque : « Jean Zay appelle les enseignants à la mobilisation pour la défense de la République et les valeurs qui la fondent. S’il refuse tout militantisme politique, idéologique ou religieux dans l’école, c’est au nom des valeurs qui fondent la République et que combat au contraire Marine le Pen : il veut une école qui apprenne à juger par soi-même et non à applaudir des hommes – ou des femmes – providentiel(le)s. Il veut une République ouverte, fraternelle, solidaire, qui n’exclut personne en raison de ses origines ou de sa religion, et dont le fondement est une école qui accueille tous les enfants, quels qu’ils soient, et qui tente de les ouvrir au monde. »

    Une vision aux antipodes donc de celle que défend Marine Le Pen, qui voudrait voir l’interdiction des signes religieux, et notamment des voiles islamiques, étendue à tous les lieux publics… tout en favorisant l’enseignement privé hors contrat.

    « On ne peut pas faire parler les morts »

    Mais Marine Le Pen n’est pas la première à invoquer Jean Zay, quitte à tordre son propos pour légitimer ses idées. En février 2004, le ministre de l’Education nationale, Luc Ferry, avait prononcé un discours devant l’Assemblée nationale pour défendre le projet de loi interdisant les signes religieux ostensibles à l’école, et notamment le voile islamique. Il fallait alors justifier ce qui pouvait être considéré comme une atteinte à la liberté religieuse des élèves.

    Pour ce faire, Luc Ferry s’était servi d’une autre circulaire de Jean Zay, datée, elle, du 1er juillet 1936. Puisqu’il s’agissait de limiter une liberté, le ministre avait fait valoir qu’il s’agissait de lutter contre un « usage abusif ou excessif ». Mais comment définir l’abus et l’excès ? Luc Ferry : « La réponse à cette interrogation se trouve à mes yeux dans la définition qu’un ancien ministre de l’Education, Jean Zay, donnait déjà dans une circulaire du 1er juillet 1936 des insignes à proscrire du champ de l’école : "Tout objet dont le port constitue une manifestation susceptible de provoquer une manifestation en sens contraire." » Et aux yeux de Luc Ferry, dans le contexte de 2004, « les signes et les tenues manifestant ostensiblement une appartenance religieuse peuvent être interprétés comme l’indice d’une forme de militantisme. Par là, ils sont susceptibles – même si on peut le regretter – d’entrer dans la catégorie décrite par Jean Zay. »

    Comme le soulignerait en 2016 un texte de Thibault Scohier, ancien étudiant en sciences politiques, Luc Ferry défendait ici une interprétation toute personnelle de cette circulaire, tronquée pour l’occasion. Car comme on peut le constater en lisant sa version intégrale (à retrouver en bas de cet article), ce texte tentait en fait de définir ce qu’était un « signe politique ». « Sur le fond, ce texte reprend la longue série de circulaires et d’arrêtés qui, pour le secondaire, est très active dès les années 20, visant les communistes, puis à la fin des années 30 visant cette fois-ci l’extrême droite », relève l’historien Olivier Loubes, biographe de Jean Zay.

    Mais en 2004, il n’était visiblement pas gênant de le reprendre pour l’adapter à des questions très différentes. D’autant qu’on ne trouve pas, sur Internet, la version complète de la circulaire, et qu’il nous a fallu recourir aux services de la Mission des archives du ministère de l’Education nationale pour s’assurer qu’elle existait bel et bien (1). De son côté, Jean-Pierre Chevènement avait non pas tronqué mais complété le texte lors d’un discours prononcé en janvier 2004, pour en livrer cette version : « Vous voudrez bien considérer comme insigne politique (mais on pourrait dire aussi bien d’appartenance religieuse ou communautaire) tout objet dont le port constitue une manifestation susceptible de provoquer une manifestation en sens contraire », la partie entre parenthèses étant un ajout de Jean-Pierre Chevènement.

    Dans quelques conversations, au cours des derniers mois, on a aussi vu ressortir Jean Zay dans le camp de militants de la laïcité dite « fermée », pour qui la loi de 2004 n’était finalement qu’un « retour à la normale » après que le Conseil d’Etat eut, en 1989, affirmé le droit des élèves à porter des signes religieux à l’école. Les mots ne sont pourtant pas les mêmes : Jean Zay parlait de prosélytisme, quand la loi de 2004 s’en garde bien, car cela impliquerait de définir officiellement le voile islamique comme un objet prosélyte par nature.

    Sur tous ces débats actuels, Hélène Mouchard-Zay préfère ne pas avancer ce qu’aurait été la position de son père. « On ne peut pas faire parler les morts. Ce n’est pas parce que je suis sa fille que je suis plus apte à le faire que les autres », dit-elle. Mais elle tient à souligner que son père ne défendait pas « une laïcité qui exclut, mais une laïcité qui protège ».

    (1) Voici reproduite la circulaire en question, obtenue grâce à Thierry Holzer, de la Mission des archives du ministère de l’Education nationale. Merci à lui.



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