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Hélène Xuan

économiste

Le vieillissement, une chance ou une charge ?

vendredi 20 juin 2014 20h00

Personnes âgées, retraités, seniors…, 3ème ou 4ème âge ?
En France, les personnes de plus 60 ans sont 15 millions aujourd’hui ; elles seront 20 millions en 2030. En Bretagne, ce sera un tiers de la population en 2040…. Le nombre des 85 ans et plus sera multiplié par près de quatre en 40 ans, passant de 1,4 à 4,8 millions d’ici à 2050.

Tous les territoires et les politiques publiques devront prendre en compte cette nouvelle donnée du vieillissement. D’autres plus optimistes voient aussi là un nouveau marché (la silver économie)et une réserve d’investissements et d’emplois. Alors, le vieillissement, une affaire de générations ou une question de société ?


Hélène Xuan est la Directrice scientifique de la Chaire Transitions Démographiques, Transitions Économiques. Elle est titulaire d’un doctorat en sciences Économiques qui a porté sur le vieillissement démographique et la croissance. Elle a collaboré avec Yazid Sabeg dans le cadre du plan Borloo pour la déségrégation des quartiers au sein du Comité d’Évaluation et de Suivi de l’ANRU (Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine). Elle a ensuite travaillé à l’ACAM (Autorité de contrôle des assurances et des mutuelles) avant de rejoindre le cabinet de Yazid Sabeg, nommé Commissaire à la Diversité et l’Égalité des Chances en décembre 2008, en tant que conseillère.
Elle a publié « La France face au vieillissement », sous la direction de Jean-Hervé Lorenzi, Edition Descartes & Cie, 2013.

En France, les personnes âgées de 60 ans et plus, sont au nombre de 15 millions aujourd’hui ; elles seront 20 millions en 2030. En Bretagne, ce sera un tiers de la population en 2040... Les enfants qui naissent aujourd’hui ont une chance sur 2 de devenir centenaires. Certains pays comme certains territoires se vident de leurs jeunes quand d’autres (ex. : zones littorales en Bretagne) accueillent de plus en plus de retraités.

Ce phénomène social de vieillissement n’est pas sans poser des questions à tous (jeunes et moins jeunes) et nous invite à changer de regard sur les différents âges de la vie :
 Quelle place pour les retraités (et les seniors) dans la vie active, la vie associative, le fonctionnement des collectivités (élus locaux) ?
 Comment financer les retraites et les politiques de protection sociale et de santé, au-delà de la seule vision de charges ou de dépendance ?
 Quelles sont les activités économiques à prévoir pour assurer des biens (aliment, santé…) comme des services (logement, transport…) à ce public « spécifique » ?
 Comment accompagner les plus vieux ? quelles solidarités entre générations (protection sociale, emploi, réseaux de voisinage…) ?

Extraits d’interventions de Hélène Xuan




Messages

  • Le vieillissement de la population n’est ni une chance, ni une charge.
    C’est la conséquence normale de l’inversion de la pyramide des âges, qui caractérise une société ayant accédé à un niveau de développement élevé.
    La limitation du nombre de naissance permet de donner à chaque enfant les meilleures chances de réussir leur vie.
    L’inversion de la pyramide des âges fait qu’une population vieillissante a besoin, pour ne pas disparaître, d’un sang neuf qui ne peut provenir que d’une immigration massive.
    Malheureusement, une société riche ne laisse en général aux immigrés que des tâches ingrates ou subalternes.
    Les identités nationales confrontées aux flux migratoires, thème de la précédente conférence, font qu’une société riche susceptible d’accueillir des immigrés se replie sur elle-même et ne fera pas d’effort pour les intégrer.
    En agissant ainsi, le déclin de la société est programmée.
    Le film japonais " La ballade de Narayama " montre une société qui, pour survivre, oblige les personnes âgées à se suicider, en attendant la mort au sommet d’une montagne, pour laisser leurs places à des personnes plus jeunes.
    Plusieurs scénarios sont crédibles, quand un société décline en raison de son vieillissement.
    C’est une société instable qui se met en place
    Va-t-on assister à un duel générationnel ? Un livre en parle.
    Il peut avoir aussi une guerre civile ou des guerres avec d’autres pays.
    Les nations vieillissantes riches sont en fin de cycle et cèdent leurs places à des sociétés plus jeunes ; c’est logique.
    La France a vécu sur l’exploitation de ses colonnies et n’a pas su rebondir, en ayant une politique d’immigration forte et juste, une fois que celles-ci ont obtenu leurs indépendances : elle en paie actuellement le prix fort.

  • Le Télégramme 16 juin 2014/ Propos recueillis par Gilles Carrière /

    Rencontre. La chercheuse Hélène Xuan parle des défis du vieillissement
    Le vieillissement : une chance ou une charge ? Hélène Xuan, directrice scientifique de la Chaire transitions démographiques, transitions économiques à la Fondation du risque, évoquera la question vendredi dans le cadre de la Liberté de l’esprit.

    LT : Troisième âge... Quatrième âge... Comment définir ces deux tranches de l’existence ?
    Et même le cinquième âge ! Le statut économique et les politiques sociales définissent, pour une large part, ces « âges de la vieillesse ». Entre le senior actif, le jeune retraité et la personne dépendante, c’est le statut économique qui change. On passe de celui d’actif vers celui de retraité, de celui de contributeur à celui de dépendant. Au-delà du statut social qu’offre la retraite, c’est bien la question du rôle et de la place de chacun en période de vieillesse qui est posée. D’une retraite considérée comme une période de repos mérité, nous sommes passés à une période de retraite « active », avec un investissement massif des retraités au sein d’associations, dans le bénévolat et au sein des familles. Le basculement dans la société du vieillissement et celle de la longévité est une transition contemporaine de nos sociétés développées.

    LT : Le terme de « seniors » se substitue à celui de vieux. La vieillesse serait-elle dégradante ou taboue ?
    Vous avez raison et ce n’est pas une simple question de sémantique. On passe d’une vieillesse connotée à une vieillesse active avec la génération du baby-boom. Toute une génération va bénéficier pour la première fois, de manière massive, des gains d’espérance de vie en bonne santé. Le lancement de la filière de la « silver-économie » par Mme Delaunay, ancienne secrétaire d’État en charge des personnes âgées, traduit d’ailleurs cette double acceptation. Une vision très optimiste englobe dans ce terme tout le potentiel de développement et d’innovations liées à l’augmentation de la part des plus de 60 ans au sein de la population. Et une acceptation plus connotée limite le champ de la silver-économie aux innovations liées à la perte d’autonomie.

    LT : La France se ride. À un rythme moins rapide toutefois que le reste de l’Europe. Faut-il en déduire que la question du vieillissement se pose de la même façon chez nous que chez nos voisins allemands, par exemple ?
    Nous devons évidemment gérer le choc du vieillissement, mais la France relativement à l’Allemagne bénéficie d’un dynamisme démographique. La situation démographique est donc très différente. La population active croit légèrement en France, alors qu’elle diminue en Allemagne. L’Allemagne a réformé très tôt son système de retraite et doit faire face aujourd’hui à d’autres contraintes, notamment celle du renouvellement de sa population active. En Allemagne, la mise en place d’une véritable politique pour attirer les talents par la voie de l’immigration relève d’un choix politique pour répondre au déficit de main-d’oeuvre. La France, avec un taux de fécondité parmi les plus élevé d’Europe et une population active qui se maintient, ne subit pas les mêmes contraintes démographiques.

    LT : En matière d’organisation du travail, comment surmonter le défi que constitue une Europe ridée ?
    C’est le véritable défi du vieillissement démographique. Contrairement aux pays européens, la France est un pays démographiquement dynamique. Le choc du vieillissement nous oblige à repenser la période d’activité, la contribution des générations : la place des jeunes actifs, des actifs et des seniors. Il nous faut améliorer l’insertion des jeunes sur le marché du travail et introduire plus de souplesse pour permettre un cumul de l’emploi et de la retraite pour les seniors.

    Pratique
    Conférence vendredi, à 20 h, à l’amphithéâtre de l’hôtel Mercure. Tarifs : adhérents, 8 € ou 6 € ; étudiants et chômeurs, 3 €.

  • La nostalgie, qui caractérise une population vieillissante ( voir article ci-dessous) est-elle une chance ou un frein, une chance à court terme, d’un point de vue économique ( le marché des souvenirs), un frein à moyen et long terme, si l’on se place sur le terrain de l’innovation et de la recherche, qui ne seraient pas tournées uniquement pour lutter contre le vieillissement de la population.

    01/09/2008
    Les neurones de la nostalgie - Sébastien Bohler, rédacteur de Cerveau & Psycho
    " Te souviens-tu des vacances qu’on a passées au Cap Ferret en 1958 ? Les films qu’on voyait en ce temps-là, l’insouciance de ces années bénies ? Il n’y avait pas toute cette pollution, et puis les trains arrivaient à l’heure, les jeunes étaient mieux éduqués… "
    Tout est plus beau à la lueur déclinante du passé. C’est cette note de regret que l’on entend souvent dans le discours des personnes âgées, dont certaines sont convaincues que le passé était paré de toutes les vertus, alors que le présent ne représente qu’une lente décadence les éloignant chaque jour davantage de cet âge d’or. Certes, le vieillissement lui-même explique une partie de ces regrets : la dégradation des forces vitales et parfois mentales fait naître une nostalgie de la jeunesse, laquelle est revécue à travers un prisme favorable. Mais un autre mécanisme – cognitif – a été identifié récemment.
    Dans une expérience réalisée à l’Université Harvard, Elisabeth Kensinger et Daniel Schacter ont constaté que, chez les personnes âgées (entre 62 et 79 ans, dans cette étude), une zone cérébrale, inerte chez les plus jeunes, s’active lorsqu’elles doivent mémoriser des images plaisantes (par exemple, une crème glacée, ou un sourire d’enfant). Cette zone, le cortex préfrontal médian, est mise en jeu dès que l’on imagine un objet, une action ou un concept en rapport avec soi-même. Les personnes âgées vont ainsi avoir tendance, si elles doivent mémoriser l’image d’une crème glacée, à se voir elles-mêmes en train de manger une crème glacée. Ces images mentales s’appuient sur des souvenirs positifs du passé.
    Qui plus est, les images négatives ne produisent pas cette prise de position autocentrée et ne risquent pas de raviver des souvenirs associés. Dès lors, le passé est ravivé seulement par des émotions positives.
    Ce mécanisme permet de comprendre la mémoire sélective. C’est au contact du présent que le passé se reconstruit en permanence : les motifs de satisfaction présents font resurgir des images positives du passé, lesquelles sont ainsi consolidées. En revanche, les expériences ou images désagréables survenant dans le présent ne provoquent pas ce rappel d’événements passés négatifs, parce que le cortex préfrontal médian ne s’active pas. Encore faudra-t-il découvrir pourquoi il reste muet dans ce cas... La science est un des rares domaines où la nostalgie ne s’applique pas : on en saura toujours plus demain.

  • REVUE DE PRESSE
    Le Télégramme 22 juin 2014 / Gilles Carrière /

    Retraites. Les jeunes vont trinquer !

    La langue de bois et la Liberté de l’esprit font rarement bon ménage. Invitée vendredi de l’association, l’économiste Hélène Xuan (auteure de l’ouvrage « la France face au vieillissement ») était probablement la personnalité idoine pour traiter du cas de la vieillesse sous l’angle pointu du financement des retraites.
    Quand les retraités manifestent pour le maintien de leurs pensions, il ne s’agit pas de leurs pensions mais de celles que leur versent les actifs fragilisés par la crise et la précarité ! Ils l’ignorent ! », lance t-elle.
    S’il existe « marginalement » des retraités pauvres, Hélène Xuan rappelle que le poids du financement des pensions repose aujourd’hui sur la jeunesse du pays. Et que ce sont les vieux qui viennent en aide à leurs enfants ! « Les diplômés s’insèrent mais avec un déclassement social », déplore Hélène Xuan. « La mobilité sociale a régressé ; la situation est inquiétante ». Soutenus par une classe politique vieillissante, les anciens défendent, quant à eux, aveuglément, la politique du statu-quo. Selon Hélène Xuan, le système actuel perd de sa viabilité. « Il faut considérer les générations dans leur ensemble » et cesser de privilégier une génération au détriment de l’autre. Hélas, « personne ne porte la voix des jeunes actifs de 30 à 50 ans », plaide au fil de son discours la chercheuse. Pis : cette jeunesse « a du mal à accéder à l’emploi, donc au crédit et au logement. Et on lui demande de contribuer fortement au financement de retraites dont elle bénéficiera avec un pouvoir d’achat très dégradé dès 2030 ». Hélène Xuan défend en filigrane un système de réforme plus souple à la scandinave. Et qu’on finisse enfin avec les rentes et les castes entretenues aussi bien par Sarkozy que par Hollande.

    • L’analyse des solutions proposées par Hélène Xuan reste dans le cadre salariés actifs et retraités. Même si elles semblent pour l’instant les seules envisageables, je pense qu’il faut rappeler dans quel cadre plus global elles sont proposées. Pour moi, nos problèmes de financement des retraites viennent de la répartition des richesses n’ont pas entre salariés qu’ils soient actifs ou retraités mais entre ces salariés et ceux qui détiennent le Capital. Comme Pikety le montre dans son ouvrage "Le Capital au XXIème siècle" les inégalités se creusent entre la rémunération des salaires et du capital, pas le capital des salariés possédant une, deux ou trois maisons accumulés par les plus chanceux mais le capital des gens comme Bolloré pour prendre un exemple bien de chez nous. Ma critique aurait eu un petit gout vintage sans le travail important de Pikety qui sans appeler ou attendre le "grand soir" n’en demande pas moins une réduction de ces inégalités pour plus de justice



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