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Suzanne CITRON

historienne

La Révolution française et la nation

dimanche 1er avril 1990 20h30


Une lecture critique de l'histoire

La Révolution française et la nation : une lecture critique de l'histoire. Invitée par " La liberté de l'esprit ", Suzanne Citron a donné, jeudi soir, au Studio du Chapeau-Rouge, une conférence sur " la Révolution française et la nation ". Cette conférence inaugurait les manifestations prévues ce mois-ci par l'association Quimper-Bicentenaire.

" La commémoration ne doit pas être une auto-célébration narcissique ", déclarait d'emblée la conférencière. Le ton était donné. Elle s'appliqua ensuite à repérer les différentes étapes de la construction du mythe national ; en insistant particulièrement sur " la nation, une et indivisible ", référence de la souveraineté politique, imaginée par les Révolutionnaires.

La création d'un nouveau cadre spacio-temporel, le processus de sacralisation du territoire, l'identification de la nation et genre humain, la volonté d'homogénéiser la culture par l'emploi d'une langue unique ... autant de signes révélant la conception mythique d'une nation qui, selon le mot de Sieyes, " existe avant tout et est à l'origine de tout ".

Pour conclure, S. Citron rappela comment, à travers l'enseignement de l'histoire, " l'école de Jules Ferry a consolidé ce mythe ".

Prolongeant une logique qui remonte au XIIIè siècle, via la Révolution, la IIIè République a consolidé cette illusion d'une nation homogène, d'origine immémoriale.

" Avec une telle idée de nation peut-on affronter les réalités contemporaines : la conscience régionaliste, la multiculturalité et la création de l'Europe ? " demandait en conclusion la conférencière. Cette lecture critique de notre histoire semble avoir passionné les cinquante auditeurs.

Jean-Yves BOUDÉHEN,



Voir en ligne : https://fr.wikipedia.org/wiki/Suzan...




Messages


  • L’historienne Suzanne Citron est morte

    L’enseignante et auteure du « Mythe national », qui déconstruit les strates historiographiques et idéologiques sur lesquelles s’est fabriquée la légende scolaire de la IIIe République, s’est éteinte à Paris, à l’âge de 95 ans.

    LE MONDE | 22.01.2018 à 16h44 • Mis à jour le 22.01.2018 à 18h11 |
    http://www.lemonde.fr/disparitions/article/2018/01/22/l-historienne-suzanne-citron-est-morte_5245335_3382.html

    Suzanne Citron aura gardé jusqu’à sa mort, le 22 janvier, à Paris, l’esprit critique chevillé au corps. Dans une tribune publiée sur LeMonde.fr, le 18 juillet 2017, l’historienne de 95 ans reprochait au président de la République, Emmanuel Macron, d’entretenir une confusion sur l’histoire de France en invitant le premier ministre israélien pour la commémoration de la rafle du Vél’d’Hiv. Le propos était bref – trois paragraphes –, mais sans concession.

    « Je dénie formellement toute justification à la présence d’un homme cautionnant les exactions et les méfaits de la colonisation israélienne en Palestine et je récuse la sempiternelle et démagogique confusion entre antisémitisme et critique de l’Etat d’Israël », écrivait-elle.

    Comme souvent lorsqu’elle prenait la plume, l’historienne rappelait son parcours, celui de Suzanne Grumbach, née le 15 juillet 1922, à Ars-sur-Moselle (Moselle), issue d’une famille bourgeoise juive, dont l’adolescence heureuse au lycée Molière, à Paris, fut brisée par la débâcle de juin 1940. Un « premier choc avec la grande histoire » qu’elle avait raconté dans Mes lignes de démarcation (Syllepse, 2003).

    Elevée dans le culte de la France dreyfusarde et dans la mémoire de la Grande Guerre, elle éprouve la honte de la capitulation. Après que son père est fait prisonnier en Allemagne et que deux cousins sont raflés, elle passe la ligne de démarcation clandestinement à bicyclette, le 15 août 1941. A Lyon, elle poursuit ses études d’histoire tout en participant à des activités de résistance. Arrêtée par la Gestapo à Lyon, elle est internée à Drancy le 4 juillet 1944, avant d’être libérée le 17 août.
    Prise de distance critique avec l’histoire de France

    Agrégée d’histoire en 1947, elle exerce pendant plus de vingt ans comme professeur de lycée à Enghien-les-Bains (Val-d’Oise). La guerre d’Algérie sera pour elle un « second choc intérieur ». Révoltée par le vote des pouvoirs spéciaux en Algérie par le gouvernement du socialiste Guy Mollet en 1956, l’historienne se penche sur le colonialisme français, les enfumades pendant la conquête de l’Algérie, les répressions des années 1930 en Indochine et les massacres à Madagascar en 1947. Les révélations de ces occultations dans le récit national républicain traditionnel seront essentielles dans sa prise de distance critique avec l’histoire de France.

    L’historienne mariée au musicologue, Pierre Citron, s’engage dans les mouvements pédagogiques des années 1960-1970 pour la rénovation des contenus de l’enseignement. Au lendemain de mai 1968, elle publie dans Le Monde un long point de vue intitulé Ce que nous attendons du ministère de l’éducation dans lequel elle esquisse les grandes lignes d’une réorganisation d’ensemble de la scolarité. Ses réflexions autour d’un abandon des programmes cloisonnés et encyclopédiques seront prolongées dans L’Ecole bloquée (Bordas, 1971).

    Historienne de l’enseignement de l’histoire, sa thèse de doctorat, qu’elle soutient à l’université de Paris-X en 1974, s’intitule Aux origines de la Société des professeurs d’histoire : la réforme de 1902 et le développement du corporatisme dans l’enseignement secondaire (1902-1914). Devenue professeure à l’université de Villetaneuse (Paris-XIII), elle continue de signer régulièrement des tribunes dans Le Monde, appelant notamment, en 1982, à une « croisade » pour une école nouvelle qui se soucie des droits et des aspirations de l’enfant.
    Travail de déconstruction

    En 1985, l’historienne démissionne du Parti socialiste où elle militait depuis dix ans. Elle reproche au ministre de l’éducation, le socialiste Jean-Pierre Chevènement, d’avoir rétabli une histoire nationale plaçant la France au centre du monde. Retraitée, Suzanne Citron se consacre alors à la question qui la préoccupe : dans une France en mutation économique, sociologique, culturelle, quelle histoire enseigner ? Dans Enseigner l’histoire aujourd’hui. La mémoire perdue et retrouvée (Les Editions ouvrières, 1984), elle égratigne quelques stéréotypes de l’histoire nationale, critiquant notamment le fait qu’on enseigne encore la Grande Guerre comme une « victoire du droit ».

    L’historienne notait des avancées majeures dans les programmes d’histoire au cours des trente dernières années

    Un travail de déconstruction qu’elle poursuit dans Le Mythe national. L’histoire de France revisitée (Les Editions ouvrières, 1987). L’ouvrage démonte méthodiquement les strates historiographiques et idéologiques sur lesquelles s’est fabriquée la légende scolaire de la IIIe République, la projection dans le passé d’une France sans commencement, la substitution d’ancêtres gaulois aux ancêtres troyens des Francs, la construction d’une logique d’Etat remontant à Clovis et symbolisée par une succession de personnages glorieux.

    Plusieurs fois réédité, l’ouvrage devient une référence. Dans sa dernière version (Les éditions de l’Atelier, 2016), l’historienne notait des avancées majeures dans les programmes d’histoire au cours des trente dernières années : l’émergence d’une histoire critique de Vichy, de la guerre d’Algérie, de la colonisation et l’irruption dans l’espace public de l’histoire de l’immigration. Elle n’en dénonçait pas moins la permanence en filigrane de la matrice du Petit Lavisse, manuel à l’usage des écoliers sous la IIIe République. « Ce récit ne permet pas aux enfants français nés en France ou venus des quatre coins du monde de se situer dans l’histoire humaine avant de découvrir leur appartenance à la France comme être historique », écrivait-elle encore dans la préface de la seconde édition de La Fabrique scolaire de l’histoire (Agone, 2017), ouvrage dirigé par le collectif Aggiornamento histoire-géographie, fondé au domicile de l’historienne en 2011.

    Ses membres se placent d’ores et déjà comme les héritiers des combats de Suzanne Citron. Lors de L’Emission politique, sur France 2, en mars 2017, son amie, l’historienne Laurence De Cock, principale animatrice d’Aggiornamento, avait offert un exemplaire du Mythe national à François Fillon, candidat LR à la présidence de la république, qui proposait de privilégier l’enseignement du récit national à l’école. Les téléspectateurs avaient voulu en savoir plus. Résultat : une semaine plus tard, l’ouvrage était en rupture de stock…
    Suzanne Citron en cinq dates

    15 juillet 1922 Naissance à Ars-sur-Moselle (Moselle).

    1971 « L’Ecole bloquée ».

    1984 « Enseigner l’histoire aujourd’hui. La mémoire perdue et retrouvée ».

    1987 « Le Mythe national. L’histoire de France revisitée ».

    22 janvier 2018 Mort à Paris.



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